404Comics débute l’année avec We Live des frères Miranda, un comic de science-fiction et, indubitablement, la promesse de l’éditeur d’un titre qui marque les esprits n’est pas usurpée ! Présenté, comme d’habitude, dans une édition aux petits oignons avec une couverture « douce comme la peau d’une pêche à qui elle a volé son velours » et des bonus délectables, We Live happe le lecteur dès ses premières pages pour ne plus le lâcher.
Nous sommes en 2084. La Terre a été frappée par des conflits et des catastrophes dont les survivants tentent de se reconstruire un avenir sur une planète désormais périlleuse. C’est alors qu’arrive, du plus profond de l’espace, un message indiquant la prochaine extinction de l’humanité et la proposition de sauver 5 000 enfants, les élus devant se rendre à des points d’extraction. Parmi eux, Tala et Hototo, un sœur et un frère, qui vont devoir unir leurs efforts et leur espoir pour franchir d’innombrables obstacles.
Les frères Miranda bâtissent un récit d’une immense richesse thématique et émotionnelle à travers une aventure âpre et épique qui met en scène Tala et Hototo, deux gamins pleins de vie et d’espoir, face à ce défi incroyable de sauver l’humanité. Dans leur univers foisonnant, Inaki et Roy Miranda placent avant tout la fraternité et la solidarité au cœur de leur histoire. Le lecteur est sous le charme de Tala, jeune fille courageuse sur les épaules de qui repose la responsabilité de s’occuper de son petit frère Hototo, voyageant dans les rêves enfantins de son âge, convaincu qu’il va se transformer en super héros. Ils sont aidés dans leur quête par Humbo, un autre enfant, débrouillard, ingénieux et espiègle. S’inspirant d’enfants de leur propre famille, les auteurs écrivent avec une grande justesse ces gamins vifs et attachants.
Cette nouvelle Terre, où le danger peut surgir à chaque instant, permet aux auteurs d’aborder également des thèmes actuels et essentiels. L’incapacité de l’humanité à remettre en cause ses travers qui amènent conflits destructeurs, catastrophes écologiques et sanitaires, anéantissement de la nature et des espèces, se dissémine au fil des pages de façon intelligente et pertinente. Tous ces éléments s’intègrent parfaitement à l’univers et à l’intrigue mis en place. La politique s’invite également lorsque la décision d’une poignée de dirigeants s’oppose à un groupuscule de fanatiques et se trouve entravée par des humains à la morale contestable.
Cette richesse est illuminée par un récit haletant, rythmé et surprenant où émotions fortes, séquences chocs et épatement incessant entrainent le lecteur jusqu’à un final que nul ne peut anticiper et qui ouvre la porte à un univers et une suite au potentiel renversant. We Live est donc bien un prologue fabuleux à une histoire aux multiples ramifications futures.
We Live est aussi un éblouissement graphique. Le trait extrêmement fouillé et précis d’Inaki Miranda s’allie aux couleurs flamboyantes d’Eva de la Cruz pour un régal d’art séquentiel. Tout est contraste dans les planches des artistes avec comme symbole, ces créatures à la fois merveilleuses et effrayantes, au charme magnétique et glaçant. Les bouilles rondes et adorables des gosses se télescopent avec une violence graphique explicite, qui ne cache rien. We Live est beau et sauvage.
Inaki Miranda se montre inventif à tout point de vue en terme de designs de personnages, de créatures vivantes ou technologiques et n’est pas économe en terme de décors. Sa mise en page est très dynamique et toujours au service du récit et de son rythme, survolté ou contemplatif quand il le faut. S’ajoute à cela, une proposition de Bande Originale constituée de morceaux originaux et accompagnant l’histoire dans des moments précis et plutôt touchants. Le lecteur en usera à sa guise mais prendre le court temps de ces intermèdes pendant la lecture procure un réel plus pour l’immersion dans We Live.
We Live tient toutes ses promesses ! Eblouissement graphique et richesse thématique et émotionnelle façonnent un récit qui ouvre la porte à un univers foisonnant et qui s’annonce passionnant !