La légende du Dahlia Noir a suscité maintes adaptations, hommages ou références dans la littérature, le cinéma, la musique ou encore les jeux vidéos. Mais derrière la légende, ses fantasmes, ses raccourcis et ses falsifications, il y a la vie d’Elizabeth Short, jeune femme du Massachussetts qui part pour Hollywood afin de devenir célèbre et ne va trouver sur son chemin que déconvenues et déceptions jusqu’à son assassinant une nuit de janvier 1947.
Run (Mutafukaz, DoggyBags, Lowreader) et Florent Maudoux (Freaks’Squeele, Funérailles) ont décidé de se replonger dans cette sombre affaire qui symbolise une certaine idée du rêve américain avec ses projecteurs, ses paillettes, ses dorures mais aussi ses vies brisées, ses espoirs envolés et ses destins malmenés.
L’histoire d’Elizabeth Short est assez bien connu du grand public. Née à Boston dans une famille modeste que le père abandonne après avoir été ruiné lors de la grande dépression, Elizabeth quitte le cocon familial à l’âge de 18 ans pour Miami puis la Californie afin d’assouvir ses rêves de cinéma et de célébrité. Mais de petits boulots en rencontres inabouties, elle finit par s’enfermer dans une sorte de rôle qu’elle enrobe de mensonges. On retrouve son corps atrocement mutilé un matin de janvier 1947 en bordure d’un quartier en construction. L’enquête qui pâtît d’une certaine folie médiatique et de moyens insuffisants de la police n’a, à ce jour, pu déterminer le coupable.
L’histoire d’Elizabeth Short est évidemment propice à une trame policière incroyable. Run et Florent Maudoux s’attèlent à une reconstitution minutieuse particulièrement impressionnante. Alternant, avec équilibre et subtilité, prose à la tonalité romanesque et pages de bande dessinée, les auteurs retracent le destin tragique d’Elizabeth de façon à la fois rigoureuse et fascinante. A travers ces 90 pages d’enquête résultant d’un long travail de recherche et de vérification, transparait autant le portrait d’une jeune femme comme il y en eu tant à cette époque aux Etats-Unis qu’une photographie du pays qui sort de la guerre.
Le travail d’illustration de Florent Maudoux est également remarquable. L’artiste saisit parfaitement cette ambiance d’espoir désabusé qui s’expose aussi bien sous les lumières des palaces que dans les chambres d’hôtel miteuses. Les illustrations qui ornent la prose comme les planches de bd témoignent parfaitement de l’époque et de ses caractéristiques.
La plongée dans des coupures de journaux, des lettres, des documents officiels, du matériau littéraire ou cinématographique, des échanges prolongés avec des spécialistes outre atlantique constitue une masse d’information qui donne l’œuvre de Run et Florent Maudoux son caractère ambitieux et rigoureux.
Le résultat est brillant et bénéficie d’une édition grand format très soignée par Rue de Sèvres pour le Label 619.
A Short Story – La véritable histoire du Dahlia Noir est une reconstitution minutieuse et fascinante du destin tragique d’Elizabeth Short signée Run et Florent Maudoux ! Epoustouflant et brillant !