Avant de débarquer sur la série régulière Batman, Chip Zdarsky s’est lancé dans l’entreprise de se plonger dans la période, encore peu explorée, où Bruce Wayne, jeune milliardaire pas encore justicier de l’ombre, décide d’aller se former auprès des plus grands maitres.
A travers dix épisodes, quasiment auto-contenus, qui vont du Bruce, jeune étudiant, au Bruce de retour à Gotham, sur le point de démarrer sa quête de justice, Chip Zdarsky scrute l’évolution du personnage. Du jeune homme fragile, encore traumatisé par la mort de ses parents, et quelque peu pataud, au combattant aguerri et rusé, la psychologie de Bruce bénéficie d’une écriture efficace et d’un sens parfait du dialogue. De Paris au Moyen-Orient, en passant par la Corée du Nord ou la Russie, le milliardaire va se frotter aux meilleurs, qui ne sont pas toujours du bon côté de la barrière, pour se forger son propre code moral.
Le scénariste apporte des éléments intéressants à la mythologie du personnage avec de nouveaux protagonistes bien caractérisés que l’on aurait plaisir à retrouver par la suite dans son run sur Batman. Il se permet aussi des Retcons quand à ses rencontres avec Hugo Strange et Ra’s Al Ghul qui pourraient faire sens, le souci étant que le lecteur ne sait pas s’il a affaire à un Elseworld ou à une réécriture canon de ces évènements.
Si tous les épisodes n’ont pas la même force, le scénariste parvient à faire monter une tension indéniable et à rendre assez addictif son récit. Il réserve également quelques beaux moments d’émotion comme ce dialogue avec Zatara à propos des souvenirs.
Ses compères au dessin soutiennent parfaitement le scénariste dans son entreprise. Carmine Di Giandomenico produit des planches redoutables en termes de mise en page et maitrise idéalement les environnements avec des décors riches et immersifs. Urbain, montagnard, magique, les contextes offrent à l’artiste l’occasion d’user de toute sa palette. Ivan Plascencia propose des couleurs subtiles et lumineuses qui travaillent beaucoup les ombres. Le coloriste maitrise parfaitement son sujet, des paysages enneigés du Canada au désert d’Orient. Une très belle partie graphique !
Bien que l’on ne sache si elle redéfinit quelques pans de la mythologie Batmanienne ou s’il s’agit d’un Esleworld, Batman : The Knight demeure une excellente maxi-série qui s’attarde sur une période peu documentée du Chevalier Noir ! Du bon Chip Zdarsky soutenu par un duo artistique en grande forme ! Du bon Batman !