Cullen Bunn est un scénariste paradoxal. Ultra utilisé par Marvel ou DC pour un résultat souvent faiblard, l’auteur se métamorphose lorsqu’il produit des séries indés. On pense à Harrow County ou The Sixth Gun par exemple. Pour Bone Parish, Cullen Bunn mêle deux ambiances qu’il maitrise plutôt bien : le polar et le fantastique.
Une nouvelle drogue, produite par la famille Winters à partir des cendres de corps incinérés, envahit les rues de la Nouvelle-Orléans. Une véritable guerre des gangs s’engagent alors pour le contrôle de cette nouvelle manne…
Cullen Bunn installe les bases de son intrigue de façon extrêmement efficace en exposant son idée de cendres qui créaient des hallucinations et en enclanchant le suspens de son thriller mafieux pour ne plus lâcher la pression durant les quatre épisodes. Le scénariste développe les pistes narratives autour des différents membres de la famille Winters, instillant des doutes dans l’esprit du lecteur sur les agissements de chacun, ce qui maintient un réel intérêt. On pourra peut-être regretter un léger manque de développement des relations internes à la famille.
Cullen Bunn écrit très bien son histoire en trouvant un juste équilibre entre polar et fantastique et sème ses graines petit à petit en clôturant son premier arc sur un cliffhanger qui ne peut qu’amener le lecteur à aller voir le tome 2. En termes de déroulé, l’intrigue pourra toutefois paraitre classique à des lecteurs dévoreurs de polars. Les liens entre flics et voyous ne sont pas nouveaux mais ils amènent un potentiel indéniable.
La partie graphique de Jonas Scharf et Alex Guimaraes est très belle. Le trait très régulier et les décors précis et immersifs du premier sont réhaussés par les superbes couleurs du second qui créent cette ambiance sombre traduisant bien les thèmes du récit. Les scènes horrifiques avec un jeu sur les couleurs flashys fonctionnent très bien.