Chaque éditeur VF veut avoir SON Donny Cates, le scénariste montant depuis plusieurs mois qui, il faut le reconnaitre, réalise des miracles chez Marvel en ce moment ! Urban Comics a sorti God Country et The Ghost Fleet, Casterman a Interceptor, Snorgleux publie Babyteeth et Delcourt a déjà Redneck. Voici Buzzkill, l’un de ses plus anciens titres (2013), co-scénarisé par Mark Reznicek et dessiné par son complice Geoff Shaw.
Reuben est un super-héros qui tire ses pouvoirs de la consommation d’alcool ou de drogues. Lors d’un combat, il tombe dans un coma éthylique et se réveille dans une ville dévastée sans aucun souvenir de ce qu’il s’est passé. Il décide de faire ce qu’il faut pour être désormais sobre. Mais parviendra-t-il à résister ?
Donny Cates et Mark Reznicek ont choisi un format très court : la mini-série en 4 parties. En découle un récit vif et nerveux où le personnage principal est introduit efficacement par des séquences flashbacks qui installent également les enjeux de l’histoire. Par son côté décontracté et sans filtre, Reuben est toute de suite attachant. Les auteurs mêlent quête personnelle à travers le destin de Reuben qui cherche à retrouver une vie plus stable et renouer avec son ex-compagne qui l’a délaissé en raison des dégâts que provoquent ses addictions et son alter ego super-héroïque, et satire des super-héros.
La construction non chronologique permet de réserver quelques surprises au lecteur avec notamment des cliffhanger assez efficaces. La satire s’exprime au travers du personnage de Doctor Blaqk, sorte de Doctor Strange, poissard, maladroit et un poil couard. Les séquences où il est présent sont très drôles, mélange de dérision et de second degré. Des méchants bien badass et une équipe de super-héros bien caricaturale viennent compléter le tableau satirique efficacement.
La quête personnelle a, de son côté, un déroulé très classique qui ne révèle que peu de surprises et mène vers un morale un peu facile et convenue. La relation avec son vilain de père, la reconquête de son ex ont des airs de déjà vu.
Le format court implique aussi des raccourcis qui gênent quelque peu la lecture, laissant le lecteur interrogatif face à certaines situations. L’ensemble aurait mérité largement deux épisodes supplémentaires pour développer de nombreuses excellentes idées et éviter de laisser au lecteur un goût de trop peu.
Les dessins de Geoff Shaw renforcent la nervosité du récit. Les hachures multiples associées au trait anguleux favorisent le dynamisme des planches. Le dessinateur traduit aussi bien la violence dans les scènes de baston que l’ironie par les expressions accentuées des personnages. Un trait sec pour 4 épisodes de très bonne qualité graphique.