Après avoir repris Strangers in Paradise pour le XXVème anniversaire de la série en l’intégrant avec succès dans une sorte de Terryverse, Terry Moore poursuit l’aventure du crossover avec Five Years, suite de SIP XXV.
Et l’heure n’est pas à la rigolade puisqu’il s’agit ici de sauver la planète Terre mise en danger par les puissants de ce monde bien décidés à fabriquer la bombe Phi, à même d’éradiquer toute trace de vie et plus encore. Katchoo, Tambi, Julie et leurs amies vont tout faire pour éviter le drame.
Si la trame générale est cette sorte de course contre la montre qui montre les inquiétudes de Terry Moore au sujet du monde actuel, elle est surtout l’occasion pour l’auteur de mettre en scène ses personnages à travers une aventure riche en émotion, action et humour.
Comme à son habitude, l’artiste indépendant n’a pas son pareil pour inscrire l’intime dans l’histoire globale. Au fil de son récit qui, il faut l’avouer, s’éparpille parfois un peu et laisse quelques pistes narratives inabouties, Terry Moore livre au lecteur d’innombrables scènes touchantes, hilarantes ou bourrées d’action particulièrement bien écrites. A travers le passé de ses héroïnes, bâti au fil de ses précédentes séries, le scénariste créé les interactions qui visent justes. On a la larme à l’œil devant Katchoo et Francine qui doivent se séparer temporairement, on éclate de rire devant les facéties de Zoé ou l’on est fascinés par la mise en scène des agissements de Lilith.
Terry Moore conserve ce sens du dialogue piquant et maitrise toujours aussi bien cette science de la narration graphique. Certaines scènes muettes sont d’une fluidité époustouflante. Si le principe d’une œuvre chorale où interagissent tous les personnages qu’il a créés procure un plaisir fou au lecteur, certains personnages manquent de présence. On pense évidemment à Francine qui, bien que très belles, ne fait que de courtes apparitions. Au contraire de Zoé qui est le personnage le plus drôle de Cinq ans. Multipliant les dialogues hilarants et les situations totalement décalées, elle nous régale.
Terry Moore nous éblouit une nouvelle fois par son noir & blanc sublime. La grâce de ses personnages féminins subjugue, ses pages introductives à chaque épisode présentant des paysages ou des villes ravissent et sa gestion de la mise en scène bluffe. On se délecte encore et toujours !