Chaque nouvelle sortie du duo Brubaker – Phillips est une lecture obligatoire ! Ce nouvel arc de l’excellente série Criminal, intitulé Un été cruel – le premier colorisé par Jacob Phillips – ne déroge pas à la règle. Tranchant avec les arcs précédents, celui-ci possède une densité inédite avec pas moins de 9 épisodes.
Ed Brubaker décide de revenir sur la destinée de personnages qu’il a déjà mis en scène dans la série : Teeg Lawless et son fils Ricky. En l’absence de son père, détenu en prison, le fils se lance dans un cambriolage qui tourne mal. A sa sortie de prison, Teeg doit réparer les dégâts, notamment en trouvant une grosse somme d’argent. Mais sa rencontre avec Jane, une femme ensorcelante, va changer son destin.
Comme de coutume, le ton noir porté par une narration impeccable, typique des œuvres du duo, est au rendez-vous. Le scénariste profite de ces 9 épisodes pour creuser particulièrement ses personnages. Variant les points de vue dans sa narration, il livre des séquences centrées sur chacun d’entre eux, leur offrant un background étoffé. A travers les portraits de Teeg et Ricky, Ed Brubaker se penche sur la transmission intergénérationnelle de la violence et de la fatalité. Le père comme le fils enchainent les mauvais choix, se trouvent pris dans des engrenages infernaux qui les entrainent vers le tragique. Leur relation faite de violence, de déception et de trahison fascine par sa noirceur. Le grain de sable qui fait tout basculer est Jane, une femme fatale qui vit en escroquant des hommes qu’elle séduit. Mais cette fois-ci, elle s’attache à Teeg, faisant naitre une répulsion chez Ricky. Son portrait en fait un personnage riche et passionnant.
Un été cruel est aussi une histoire d’amitié à travers le lien qui unit Ricky et son ami Jacob avec lequel il s’embarque dans des coups foireux et dangereux. La fougue de la jeunesse, l’envie de renverser la table et de faire comme les grands, en mieux, transpire dans leurs actions.
Le cœur du récit étant l’histoire familiale, Un été cruel est également une histoire noire avec ses classiques: voleurs, casses, détectives privés, coups de poing, clubs enfumés, stripteaseuses,…Le scénariste maitrise parfaitement le sujet.
Sean Phillips et Jacob Phillips réalisent de leur coté, à nouveau, une vraie merveille d’ambiance noire. Le dessinateur maitrise parfaitement la mise en scène. Sans esbrouffe mais avec une indéniable efficacité, il se lit au rythme du récit de Brubaker. Ses décors immergent totalement le lecteur dans des lieux glauques et fiévreux. Les tourments et la violence des personnages sont parfaitement traités. Les couleurs de Jacob Phillips ajoute une force incroyable aux dessins, atteignant de sommets dans l’épisode final à l’épilogue brutal et impitoyable !
Un été cruel est un niveau bijou noir du trio Brubaker – Phillips – Phillips ! Le récit possède une densité inédite et une noirceur fascinante !