Le bouillonnant Robert Kirkman n’a pas assez de 24h par jour pour mettre en écriture toutes ses idées. C’est le cas pour Furtif (Stealth en VO) co-créé avec Marc Silvestri dont il a confié l’écriture à Mike Costa. Pour ce nouvel univers super héroïque, la partie graphique a été mise dans les mains de Nate Bellegarde et Tamra Bonvillain.
Le super héros appelé Furtif mène depuis des décennies une guerre sans pitié contre le crime à Detroit. Mais son comportement étrange de ces derniers mois interroge, notamment Tony Barber, jeune journaliste, qui doit en parallèle gérer son père qui se bat contre la maladie d’Alzheimer.
Des univers de super héros, les lecteurs en sont gavé, pour le meilleur ou pour le pire. Robert Kirkman en a proposé le meilleur avec Invincible. Avec Furtif, il propose une idée assez originale en se concentrant sur les difficultés liées à la vieillesse du super héros – qui pour une fois subit les affres du temps. Restait à développer cette idée sur une poignée d’épisodes. Mike Costa s’en charge pour un résultat mitigé. Si son récit demeure tout à fait distrayant et rythmé et se lit agréablement, il n’exploite pas vraiment le potentiel initial.
La relation filiale apparait par séquences, souvent justes et touchantes, abordant la dégénérescence du père. Les séquences les plus fortes sont celles où apparaissent père et fils dans des scènes de dialogues plutôt bien écrites. Mais le regard sur le héros vieillissant dont l’attitude n’est plus adaptée manque de souffle et de développement.
L’enquête menée par Tony, le fils journaliste, emprunte certains raccourcis scénaristiques dommageables, avec notamment une fin assez confuse. De la même façon, le vilain au physique de Two-Face n’a pas l’épaisseur du personnage DC Comics. Hésitant sans cesse entre la méchante terreur et le blagueur de service, il est crédité d’une caractérisation flottante. D’autant qu’il se trouve affublé d’une bande de voyous de seconde zone. Mike Costa aborde également la crise économique et sociale à Detroit mais, là aussi, de manière très succincte. Un ensemble de défauts qui empêchent le titre d’acquérir un certain niveau de qualité.
La partie graphique de Nate Bellegarde et Tamra Bonvillain est tout à fait correcte. Le dessinateur maitrise bien le genre super héroïque et ses personnages bénéficient de designs originaux. Il prête une attention soutenue aux décors architecturaux mais délaisse ceux des cases où les personnages sont au centre de l’action.
Au final, une série sans doute un peu trop courte pour pouvoir développer l’idée initiale et qui pâtit de certaines facilités.
D’un point de vue éditorial, on regrettera à nouveau l’absence de chapitrage, réduisant l’effet cliffhanger à néant.
Malgré une idée initiale pleine de potentiel, l’exécution pâtît de facilités et d’un manque de développement pour emballer totalement. Reste un récit divertissant mais on espérait plus !