Ahoy Comics est un éditeur assez confidentiel qui fournit régulièrement des séries originales qui sortent des sentiers battus. G.I.L.T. entre clairement dans cette catégorie, d’autant qu’Alisa Kwitney, son autrice est une ex-éditrice de chez Vertigo et son dessinateur, le Belge Mauricet ! Delcourt est allé dénicher cette aventure temporelle déjantée, pour notre plus grand plaisir !
Hildy Winters est une femme de caractère vivant à New-York et possédant, en sa qualité de membre de la G.I.L.T. – La Guilde des Temporalistes Indépendantes – , son propre portail temporel. Ces Temporalistes peuvent voyager dans le temps tout en conservant leur corps et leurs souvenirs. Mais lorsque Hildy et Trista, son aide ménagère, se retrouvent catapultées en 1973, tout se complique…
Des personnages hauts en couleur
G.I.L.T., c’est avant tout une galerie de personnages furieusement bien croqués. Aussi bien Hildy, dont le caractère bien trempé lui permet de ne pas s’en laisser compter face aux hommes, à ses amies ou aux éléments de la vie en général, que Trista, transportée dans son enfance avec son esprit vif et espiègle d’adulte ou encore quelque personnages masculins secondaires comme le futur mari de Hildy dans ces années 70 pleines de mutations, sorte de mâle Alpha décomplexé en gourou de secte, les protagonistes sont hauts en couleurs et mènent avec un humour décapant cette danse temporelle tourbillonnante. Aucun d’entre eux ne rate l’occasion d’envoyer une repartie bien sentie finement ciselée par Alisa Kwitney.
Un jeu temporel malin et foutraque
Pour mener sa folle aventure, la scénariste use de façon maligne et un poil foutraque du jeu temporel en multipliant les allers-retours entre les époques, lui permettant à la fois de faire avancer son intrigue et de dresser un portrait du climat social et politique de ces différentes époques, la condition féminine en tête. En une ou deux cases seulement, parfois, Alisa Kwitney capte les obstacles que les femmes rencontrent dans la société. Le voyage temporel est également l’occasion d’établir un constat des vertus de l’âge, l’expérience et une certaine forme de sagesse apparaissant, tout en conservant un côté sale gosse, bien évidemment.
L’amitié résiste à tout !
Mais le sujet principal de G.I.L.T. est la résistance de l’amitié au temps et aux aléas de la vie, ainsi que les liens qui unissent les êtres. Car malgré les coups bas, les incompréhensions, les rivalités qui jalonnent leurs existences, Hildy et sa bande ont tissé des liens suffisamment solides pour que leur amitié résiste au temps. De ce point de vue, le récit d’Alisa Kwitney se fait souvent émouvant mais aussi fréquemment sarcastique !
Mauricet au top !
Le dessin de Mauricet constitue un point fort de G.I.L.T. . L’artiste belge livre une prestation délectable en se montrant extrêmement précis dans son art, aussi bien dans la reconstitution de New York que dans la caractérisation graphique des personnages. Mauricet travaille remarquablement leur expressivité, captant aussi bien l’humour que l’émotion, ainsi que leurs designs conformes à leurs époques et leurs rôles. Les aspects fantastiques fonctionnent également très bien. Enfin, ses tons pastels donnent une patte subtilement irréelle.
Porté par des personnages hauts en couleur et une partie graphique délectable, G.I.L.T est un récit aussi drôle que malin qui traite habilement de thèmes comme l’amitié ou la condition féminine. Un comicbook original qui vaut le détour !