Après un premier tome où Matt Kindt a présenté la communauté de Grass Kingdom et installé les premières dissensions, il va révéler au lecteur le ver qui se trouve dans le fruit, en l’occurrence le décès d’une enseignante qui venait faire la classe aux enfants du Royaume.
Matt Kindt change donc le sens de son histoire en se concentrant intégralement sur cette affaire de meurtre. La construction est clairement sous forme de puzzle puisque chaque membre de la communauté se voit questionné par un autre membre à propos de l’affaire. Ainsi, il approfondit chacun de ses personnages tout en continuant son projet de faire se fissurer la communauté. Il élargit la biographie de certains en leur inventant un passé sombre. Le témoignage d’autres reconstitue les conditions du meurtre. L’escapade des jeunes sur l’étang va également mettre à jour la structure de surveillance du groupe. Tous ces éléments s’entrecroisent et enrichissent abondamment le récit.
L’ambiance de thriller rural dans l’Amérique profonde est toujours prégnante et intense. Si l’action a globalement disparu, la construction pièce par pièce rend haletante l’évolution de l’histoire et des personnages. La fin du tome relance l’intrigue globale et les sombres secrets de chacun n’ont pas fini de nous aspirer !
Les aquarelles de Tyler Jenkins sont toujours aussi belles et originales. Néanmoins, les doubles pages qui faisaient le plaisir du lecteur dans le premier tome se font moins fréquentes, ce qui est dommage. Surtout, les couleurs, mises entre les mains de Hilary Jenkins, n’ont pas la force de celles du dessinateur. Ses choix de teintes plus pâles et l’absence de « débordements » des silhouettes qui donnaient une telle puissance aux planches dans le précédent tome rendent cette deuxième partie moins marquante graphiquement. On reste toutefois séduit par l’originalité du travail.
La suite dans le tome 3.