Grass Kings termine son chemin dans ce troisième et dernier tome, très attendu. L’assassin courant d’air a semé la terreur dans les environs de Cargill et mis à mal le calme du Royaume. Bruce et Robert, d’un côté et Humbert Jr, de l’autre, mènent leur enquête et ça sent fichtrement mauvais.
Matt Kindt va répondre à toutes les interrogations du lecteur, ou presque. Le scénariste va choisir un mode de narration classique en faisant avancer son intrigue par des révélations successives apportées par des personnages que l’on avait jusque-là peu vu. Entre interrogatoires croisés et écrits secrets révélés, le lecteur découvre pas à pas la sombre histoire de ces multiples meurtres.
Matt Kindt mêle action et suspens avec habileté. Il fait s’affronter le gouvernement et les membres du royaume, miroir de deux visions et deux conceptions d’une façon de vivre et de voir le monde. C’est violent et sans filtre. Il révèle ensuite tout un pan de l’histoire du royaume et de Gargill. C’est glauque et ça sent mauvais.
En opposition avec l’instigateur principal, moralement sec, les autres personnages gardent une profonde humanité que Matt Kindt retranscrit particulièrement bien. Bienveillance, amour, cruauté, perversion traversent Grass Kings pour en faire une oeuvre définitivement forte. Le dénouement, surprenant et puissant, ne laisse pas indifférent. Matt Kindt se permet de laisser quelques éléments sans réponses, ce qui laisse une laisse une emprunte mystérieuse dans l’esprit du lecteur.
Tyler et Hilary Jenkins offrent toujours des peintures belles et évocatrices, qui ont fait de Grass Kings une oeuvre singulière. Les artistes s’aventurent même, le temps de quelques pages, dans des représentations plus abstraites très réussies. Ils ont réussi à donner au titre une ambiance idéale pour décrire cette Amérique profonde qui sombre dans le thriller. La partie graphique est, une nouvelle fois, une réussite.