Notre amour pour Ice Cream Man n’est plus un secret ! Après avoir lu les 3 premiers tp qui faisaient monter la pression petit à petit avec des épisodes de plus en plus impressionnants, nous voici face au quatrième tp dont on se léchait les babines d’avance.
Ce volume contient les épisodes #13 à #16. Le premier est créé en palindrome, proposant de lire l’histoire dans les deux sens, créant deux versions différentes. Le deuxième se base sur les mots croisés pour évoquer les fractures d’un couple cinquantenaire. Le troisième voit une jeune femme sombrer dans la folie après avoir pris le manteau d’une autre personne. Et enfin, le dernier présente un père qui lit le journal intime de sa fille et y apprend des choses plus que perturbantes.
Une nouvelle fois, le jeu entre scénario et dessins atteint des sommets dans ces épisodes. L’exemple le plus marquant est cet épisode écrit sous forme d’un palindrome. Le mouvement du personnage principal, ses déplacements, escaladant ou descendant une échelle, s’envolant ou se laissant déposer grâce à un ballon, forme d’un côté une première histoire, de l’autre une seconde histoire à la fois similaire et différente. Le tour de force est assez remarquable.
Le deuxième épisode où le personnage masculin subit en quelque sorte l’influence des mots croisés auxquels il joue, est décomposé en planches qui suivent le motif du damier.
Si les deux derniers épisodes sont plus classiques dans leur composition graphique, tous font apparaître le credo de W Maxwell Prince : l’horreur ou la folie qui surgissent quand on ne l’attend pas. Des événements banals font basculer une destinée. Des individus perdent le contrôle et tout devient incroyablement fou et terrifiant. L’ultime épisode « Tiny Lives » plonge peut-être davantage dans les tréfonds de la stupeur puisqu’il se base sur la relation d’un père et de sa fille établie sur la confiance. Et lorsque le père s’aperçoit de ce qu’il en est en réalité, son monde s’écroule. Mais l’amour filial est plus fort que tout, y compris dans l’horreur. On tient là l’un des meilleurs épisodes de la série.
Martin Morazzo réalise toujours un travail de haute volée. Ses compostions rendent impeccablement l’incrédulité, la stupeur, l’effroi des personnages. Ses décors sont redoutablement immersifs et précis. Rien n’est laissé au hasard, tout concorde à mettre en valeur les idées du scénariste. Les couleurs Chris O’Halloran apportent également leur pierre à l’édifice. Les tons choisis confèrent un irréalité supplémentaire aux histoires et basculent parfois dans des teintes négatives, accentuant l’effet recherché. Une partie graphique qui sublime les histoires de W Maxwell Prince !