Revoici les aventures de Jonna et Rainbow pour un deuxième tome (sur 3 prévus) qui se révèle aussi plaisant et enthousiasmant que le premier. Laura et Chris Samnee se chargent de faire cavaler les sœurs entre les pattes des monstres quand le second cité compose des pages éblouissantes que Matt Wilson se délecte de coloriser !
Le lecteur retrouve Jonna et Rainbow après l’attaque, par un monstre, de la grotte où avaient trouvé refuge une poignée d’humains. L’un d’entre eux s’est proposé pour les aider dans leur quête : retrouver leur père disparu. Mais l’individu dont l’attitude louche était apparue dans la dernière case du volume 1…l’est bel et bien !
Jonna poursuit avec le même esprit réjouissant proposé dans le premier tome. Si l’univers développé n’est pas des plus lumineux, le plaisir de lecture est indéniable. L’histoire au déroulé simple – mais pas simpliste – et accessible à tous, voit les deux sœurs se faire piéger par leur candeur induite par leur soif de retrouver leur père et vont devoir fuir, à nouveau. Cette course folle se déroule dans un univers graphique de Fantasy riche et référencé où chacun trouvera une référence à ses propres lectures – la prison des monstres, l’arène, la ville dans les arbres… Les humains croisés sont tous ou presque malfaisants et malintentionnés. Une certaine noirceur figure dans le regard porté sur les protagonistes. Malgré cela, le couple Samnee distille au fil de son récit quelques valeurs et messages. La force primordiale de la famille bien sûr, mais aussi la solidarité et en quelques cases, la préservation de la nature et la surconsommation.
Jonna s’appuie également sur son duo de sœurs toujours aussi attachant et dont les caractères si opposés amènent des émotions fortes – dans le rire comme dans les larmes. La grande, protectrice et maligne mais vite dépourvue quand la force brutale s’oppose à elle, et la petite, au punch dévastateur et à la fougue inarrêtable.
Déjà plutôt sombre, le tableau se noircit encore un peu plus avec un cliffhanger foutrement intrigant pour clore le volume !
Mais la plus grande force de Jonna est évidemment sa partie graphique qui rend le lecteur à la fois gourmand et gourmet. Gourmand car le plaisir visuel est incroyable tant par son aspect ludique que riche, gourmet par la palette délicate proposée par Chris Samnee.
L’artiste s’offre un plaisir immense en jouant avec ses personnages et ses situations, poussant parfois jusqu’au burlesque – la scène du combat dans l’arène est un modèle d’humour et de dynamisme. S’amusant avec les formes – l’anatomie des monstres, l’architecture de la ville – ou les tailles – comme dans le rêve de Rainbow -, l’artiste s’éclate ! Les onomatopées sont également très travaillées et partie prenante de la narration, se révélant bruissantes dans les nombreuses cases silencieuses.
Chris Samnee est également un maître de la mise en page. L’inventivité s’invite sur chaque planche. L’artiste joue, une nouvelle fois, avec la forme et les tailles des cases pour créer un effet : l’élan, la surprise, la peur, l’émotion forte. Il mise également fortement sur l’expressivité de ses personnages en travaillant les regards, les postures. Véritable leçon de storytelling, ses planches sont un régal !
On n’oublie pas, évidemment, les couleurs franches et directes de Matt Wilson qui ajoutent leur patte à la tonalité tantôt ludique, tantôt inquiétante de Jonna.
On salue enfin la très belle édition à la tranche arrondie et aux impeccables détails de finition proposée par 404 Comics.
Véritable plaisir de lecture, Jonna est une bande dessinée dont tout lecteur pourra se délecter. Chris Samnee, joueur et passionné, régale de ses planches inventives pour narrer une bien belle histoire.