Déjà fort d’une belle collection de strips (Cul de Sac, Hägar Dünor, Batman Dailies) Urban Comics ajoute une nouvelle flèche à son arc avec le premier volume (sur 2) de Pim Pam Poum, considéré comme la première bande dessinée jamais publiée. Tout en sortant ce morceau d’Histoire, l’éditeur publie également un quatrième tome du belliqueux nordique Hägar Dünor (série prévue initialement en trois volumes).
Pim, Pam, Poum : un morceau d’Histoire des comics à lire avec le recul qui va bien
Paraissant pour la première fois le 18 décembre 1897, sous forme d’un strip de 6 pages, The Katzenjammer Kids de Rudolph Dirks met en scène les farces de deux garnements, Hanz et Fritz ! Dès les débuts, la série rencontre un grand succès et subit des évolutions aussi bien dans son contenu avec apparition et disparition de personnages que dans son aventure éditoriale, faite de conflits d’éditeurs et de créateurs (déjà !) qui s’achèvent au cours de l’un des premiers procès de la bande dessinée. Rudolph Dirks obtient le droit d’utiliser les personnages dans le cadre d’une autre série et l’éditeur conserve le titre de la série qu’il confie à d’autres auteurs dont Harold Knerr qui dessinera, avec un immense succès, le strip pendant trente-cinq ans, jusqu’à sa mort. C’est à cette période faste qu’est consacré ce premier volume, en commençant par la planche du 20 septembre 1936. En France, la série apparait dès 1899 mais connait un succès important dans les pages du Journal de Mickey sous le titre « Pim, Pam, Poum » à partir d’avril 1935. Les lecteurs français connaissent les aventures de Pim, Pam, Poum se déroulant sur l’ile paradisiaque du roi Bongo. Mais cette situation est en fait le point final d’une longue série de voyages et péripéties, débutés par Rudolph Dirks dans les premières années de la série.
Mais que raconte ces bandes de strip ? Pam et Poum sont deux garnements qui ne pensent qu’à faire des farces aux membres de leur famille avec qui ils vivent sur l’île, notamment le Capitaine, une sorte de papy qui ne pense qu’à dormir, boire ou jouer aux cartes et qui est sujet à de fréquentes crises de goutte. Dans leurs jeux, intervient leur cousin Adolphe qui prend un malin plaisir à contrecarrer leurs plans et à leur faire porter le chapeau. Pour tenter de faire régner l’ordre, la tante Pim fait ce qu’elle peut.
Pim, Pam, Poum est un strip humoristique qui s’appuie sur une récurrence de gags inventifs et régulièrement drôles bien que la répétition impose une lecture homéopathique pour éviter la lassitude. Basé sur des gags en général construits sur 3 ou 4 bandes par page, le trait d’Harold Knerr est d’une grande vivacité et s’accorde parfaitement aux multiples contextes utilisés. Bien évidemment la lecture nécessite un recul sur l’époque à laquelle la série a été écrite, période où l' »autochtone » est représenté comme un petit sauvage pas bien malin et obéissant. Reste un moment d’Histoire de la bande dessinée que décrit parfaitement le travail éditorial du traducteur Tristan Lapoussière.
Hägar Dünor : entre modernité et humour féroce
De son côté, le strip Hägar Dünor en est à son quatrième volume, preuve d’un confortable succès chez l’éditeur qui en avait prévu 3 initialement. Le dessinateur américain Dik Browne présente les aventures d’un Viking belliqueux, rustre et sanguinaire à qui personne ne résiste…à part sa femme ! Créé en 1973, le strip met en scène le terrible Hägar entouré de sa femme Hildegarde, sa fille Ingrind et son fils Homlet. La série démontre une grande modernité dans la façon dont il décortique les relations femme – homme et le rôle de chacun dans le couple et la société en général. Elle s’appuie également beaucoup sur des gags visuels, des jeux de mots et des anachronismes savoureux. Construits en une bande de 3 cases au plus, les strips sont redoutables d’efficacité et font preuve d’un humour féroce !
Le lecteur du XXIème siècle sera davantage séduit par un Hägar Dünor à l’indéniable modernité que par Pim, Pam, Poum qui vaut davantage pour son aspect historique. Saluons le travail d’Urban Comics qui continue de développer sa collection de Strips et par là, enrichit le regard du lecteur sur la bande dessinée américaine !