Magnus (VF-Casterman)

Magnus
Date de Sortie
29 août 2018
Scénario
Kyle Higgins
Dessins
Jorge Fornes
Editeur
Casterman
Prix
16 €
La note de ComicStories
8

Magnus est une mini-série parue à l’été 2017 aux USA et parvenue sous nos contrées, un an plus tard, grâce à Casterman qui a lancé une gamme comics composée de quelques titres originaux. Repris en main par Kyle Higgins et Jorge Fornes, Magnus – Magnus, Robot Fighter à l’origine –  est un personnage créé en 1963. Il s’agissait d’un homme capable de lutter à mains nues contre les robots qui dominent alors le monde. Passé par chez Valiant dans les années 90, Magnus débarque chez Dynamite fin 2017. 

Kyle Higgins bouleverse totalement la donne puisqu’il fait de Magnus une femme, Kerri Magnus, qui n’use point de ses poings mais de psychologie. Le monde imaginé par le scénariste a développé les Intelligences Artificielles (IA) à outrance au point de ne plus pouvoir s’en passer. En échange, les IA ont obtenu un nuage numérique où ils peuvent trouver refuge et se protéger des humains. Bénéficiant du pouvoir de circuler dans ce nuage, Kerri aide les robots qui rencontrent des problèmes psychologiques. Suite au meurtre de ses maîtres par un robot, Kerri va être charger d’aider la police à retrouver le coupable.

Kyle Higgins construit un thriller psychologique tout en s’intéressant à la condition des IA, en y insérant un contexte social. L’intrigue d’investigation entretient une tension constante où les rebondissements viennent naturellement et relancent systématiquement le récit. La personnalité de Kerri, dû à son passé particulier, présenté par d’habiles flash-backs, influe sur l’avancée de l’histoire. Sa capacité à communiquer avec les IA dans le nuage numérique permet des fils narratifs originaux et des idées malignes. Son sens de l’écoute et de la communication sont mis en avant au détriment du conflit. Ses relations ambiguës avec le dirigeant de l’entreprise qui a créé les IA et qui refuse de voir les IA comme des êtres sensibles à part entière, complexifie l’intrigue et amène les aspérités nécessaires à faire de Magnus une histoire passionnante

Kyle Higgins incorpore à son récit un contexte social. Les ressenties envers les IA suite au meurtre créent des tensions dont découlent des émeutes qui embrasent la cité. On pourra y voir un parallèle avec les multiples exemples de domination de peuples sur d’autres peuples sous prétexte qu’ils leur sont inférieurs

L’ensemble forme un récit complet mais le scénariste propose une fin ouverte qui implique une suite. Malheureusement, pour le moment, rien n’arrive à l’horizon. C’est bien dommage tant Magnus possède une réelle force et permet d’imaginer sans soucis de nombreuses suites. C’est bien le seul point négatif qu’on pourra trouver.

Jorge Fornes a déjà cette patte qu’on lui retrouvera quelques mois plus tard sur le Batman de Tom King. Son dessin réaliste bénéficiant d’un encrage épais, fait apparaître une incroyable capacité à choisir des mises en page originales aux cadrages marquants. Sa création du monde futuriste et du nuage numérique, qu’il parvient à facilement nous faire différencier, est bourrée d’idées qui donnent une réelle identité au titre. La partie graphique est une indéniable plus-value à Magnus !

Magnus est un thriller psychologique qui s’inscrit dans la grande tradition des récits de science-fiction. L’intrigue, impeccablement menée, brasse des thèmes sociaux et robotiques avec habileté. Les dessins de Jorge Fornes, particulièrement réussis, apportent une force  incontestable ! Chaudement recommandé, en espérant une suite !
8
Très bon
On aime
L'utilisation maligne des IA
La construction du scénario
Le contexte social
Les dessins de Jorge Fornes
On aime moins
Une fin qui n'en est pas une