Garth Ennis pose régulièrement ses valises chez divers éditeurs outre atlantique ! C’est, cette fois-ci, chez AWA que l’irlandais a dégainé une nouvelle œuvre, celle-ci arrivant sous nos contrées chez Black River. Comme précédemment pour A Walk Trough Hell – également chez Black River, le scénariste s’associe à Goran Sudzuka au dessin.
Marjorie est une criminelle temporelle, autrement dit, elle saute d’époque en époque pour y commettre des larcins divers et variés, mettant, par la même occasion, un sacré bazar dans la chronologie. Mais Marjorie a la police temporelle aux fesses, incarnée par sa propre soeur Harriet. Les deux frangines, bien que sur des longueurs ondes fort éloignées, vont devoir lutter ensemble contre le Seigneur du Mal, un individu bien décidé à réécrire l’Histoire à son profit tout en dénonçant les hypocrisies des religions.
Garth Ennis est ici en terrain connu puisqu’il s’attaque à la religion au travers d’un récit déjanté au ton plutôt graveleux, tout en esquissant quelques pas de côté pour se payer Trump et ses acolytes lancés à l’assaut du Capitole. Renvoyant dos à dos toutes les religions décrites comme un tissu de mensonges, son discours ne surprendra nullement ses habituels lecteurs mais Ennis s’empare du sujet à travers un duo de personnages particulièrement rocambolesques. Le Seigneur du Mal, plutôt flippant malgré son allure de gros dur de bas étage enchainant clopes sur clopes et bières à gogo, s’acoquine avec un ex de Marjorie, habillé en slip et possédant cornes sur le crane. Très facile d’imaginer le potentiel comique du duo ! Dans le même registre, Marjorie peut voyager dans le temps grâce à un tête dont on apprendra l’origine au fil du récit.
En parallèle, Garth Ennis apporte une composante émotionnelle avec sa description de la relation des deux sœurs aux caractères opposés et qui entretiennent une rivalité nourrie de toutes les crasses que Marjorie a fait à Harriet depuis leur plus petite enfance. Le scénariste crée un lien dense et riche entre les sœurs, qu’il soit dans l’invective ou d’humeur plus chaleureuse. Garth Ennis n’a pas perdu son sens du dialogue avec quelques tirades d’anthologie qui pourront faire tomber de leur chaise les plus sensibles.
Goran Sudzuka donne davantage dans l’esprit caricatural que dans A Walk Through Hell et le résultat est réussi. Ses designs sont parfaits pour traduire l’ambiance décalée du récit et sa mise en page est dynamique. Une partie graphique idéale !
Marjorie Finnegan révèle un Garth Ennis en pleine forme qui traite de ses thèmes habituels en y greffant une relation familiale réussie ! Une très bon cru !