Panini ressort régulièrement en Deluxe des séries issues des années 2000. L’éditeur propose ici les 13 premiers épisodes de la série Mystique, premier travail sur le long terme de Brian K Vaughan chez Marvel. L’américain collabore avec trois dessinateurs : Jorge Lucas, Michael Ryan et Manuel Garcia.
Traquée par les gouvernements du monde entier, Mystique se voit proposer par le Pr Xavier de devenir son agent décret personnel en échange de sa protection. Mais peuvent-ils se faire mutuellement confiance ?
Dès les premières pages, Brian K Vaughan démontre qu’il maitrise à la fois le genre dans lequel il embarque le lecteur et les personnages et l’univers qu’il exploite. Bâtissant son histoire sur une ambiance que Ian Flemming ne renierait pas, l’auteur envoie son héroïne sur des missions périlleuses où la cause mutante tient un rôle central. Vaughan s’appuie à la perfection sur le pouvoir de Mystique pour faire évoluer son récit de façon maligne et accumule les idées futées comme le personnage de Shortpack, mutant minuscule qui va servir « d’aide de camp » à Raven.
A travers la continuité Marvel des personnages, que Brian K Vaughan exploite habilement, la série dresse une parabole sur l’acceptation de soi et la différence entre les individus. Le premier thème revient par jeux de miroirs à de multiples reprises lorsque Mystique se retrouve face des personnages qui d’une façon ou d’une autre lui ressemble. Le second thème traverse la série tout au long des missions visant à défendre les droits des mutants. Vaughan fait aussi reposer son récit enlevé sur des dialogues vifs et drôles qui démontre sa connaissance des personnages et de leur mythologie depuis Claremont.
Le scénariste multiplie les pistes et intrigues qui enrichissent pleinement l’histoire mais malheureusement, pris par ses obligations foisonnantes au moment de l’écriture de la série, il achève son travail à l’épisode 13, laissant à Sean McKeever le soin de poursuivre l’aventure. Malheureusement, les épisodes créés par son successeur ont assez mauvaises réputations, ce qui conduira, sans doute, Panini à ne pas donner suite à ce tome. L’absence de numérotation semble être un argument en ce sens.
On ressort donc de cette aventure, satisfait d’avoir suivi une aventure riche, intelligente et divertissante mais aussi frustré de ne probablement pas avoir la conclusion de la série ou si l’on va la piocher ailleurs qu’en VF, d’imaginer une forte de baisse de qualité. A voir.
La partie graphique, bien qu’hétérogène en terme de styles, maintient un niveau de qualité constant et satisfaisant. On apprécie le petit arrière gout de Frank Quitely chez Jorge Lucas, le dessin crayeux de Michael Ryan et celui, précis et dynamique de Manuel Garcia. La mise en page, sans recherche de gros effets, est efficace et permet un rythme de narration qui emporte le récit.
La traduction de Nicole Duclos tient parfaitement la route tandis que l’édition Deluxe de Panini est très belle, même si cette collection est loin d’être la moins onéreuse.
Mystique est un récit d’espionnage qui s’enrichie de mythologie mutante avec une redoutable efficacité. Pour l’un de ses premiers travaux chez Marvel, Brian K. Vaughan démontre tout son talent de conteur et sa folle imagination. On ne pourra que regretter qu’il quitte la série sans résoudre les multiples intrigues qu’il a semées.