Revoici notre duo de créateurs de polar préféré pour un nouveau Graphic Novel qui inaugure une série de travaux marquant une pause avec l’excellente saga Reckless. Après le Los Angeles des années 70-80, Ed Brubaker et Sean Phillips s’envolent vers l’Europe de 1978 dans une ville indéterminée mais qui fait furieusement penser à une cité française.
Jonathan Webb est un vendeur américain de droits littéraires venu en Europe à l’occasion d’un salon. En pleine période de réflexion sur sa vie, il ne parvient pas à dormir. Décidant d’aller errer dans les rues, il rencontre Rainer, un homme étrange qui va lui faire découvrir un monde inconnu et mystérieux qui pourrait s’avérer plus dangereux qu’imaginé.
Des tourments qui manquent un poil de nerf
Comme il sait remarquablement le faire, Ed Brubaker conte les tourments d’un homme en plein questionnement sur sa vie. L’impasse d’une carrière d’écrivain raté, la routine d’une vie de famille plan plan, le rêve d’aventures pimentées sont l’occasion pour le scénariste de démontrer tout l’efficacité de son écriture. Cette introspection en profondeur ralentit malheureusement les débuts d’une intrigue qui manque un peu de nerf dans sa première partie.
Un basculement redoutable
Mais la rencontre avec Rainer, ainsi que la folie et les rebondissements qui en découlent font grimper la tension de plusieurs niveaux et l’on retrouve toute la magie des récits d’Ed Brubaker et Sean Phillips. Entre thriller, fantastique, violence et twists inattendus, la deuxième partie du récit est particulièrement haletante.
Une affaire de duos
Le duo Sean Phillips – Jacob Phillips se montre une nouvelle fois totalement à son avantage. Le trait très précis du premier nommé immerge parfaitement le lecteur dans cette étrange ambiance urbaine. Le dédale des rues, la moiteur des fêtes privées, le calme relatif des chambres d’hôtel, le basculement halluciné sont autant de contextes remarquablement rendus. Le second cité démontre son talent pour donner aux scènes des atmosphères incroyables. Jouant également un rôle dans la force narrative par la juxtaposition de ses taches de couleurs, Jacob Phillips magnifie les planches de son père ! Graphiquement sublime !
Si elle démarre très doucement, cette descente aux enfers trouve, dans sa deuxième partie, une formidable tension portée par une sublime partie graphique et qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page !