November achève son aventure avec un quatrième volume où les destinées de Kay, Dee et Emma-Rose, désormais liées, vont trouver leur épilogue toujours conté par Matt Fraction, Elsa Charretier, Matt Hollingsworth et Kurt Ankeny.
Se trouvant mêlées bien involontairement aux trafics de preuves organisé par les flics pourris, les trois jeunes femmes doivent désormais se sortir de ce sanglant pétrin.
Fidèle à sa construction sous forme de puzzle, Matt Fraction décompose son récit en offrant plusieurs angles de vue en fonction du personnage. La scène finale est alors décortiquée de trois points de vue différents tout en ajoutant quelques éléments à chaque nouveau segment. Le procédé est très efficace et délivre un ton légèrement différent en fonction du caractère de la protagoniste principale.
La tension a atteint son paroxysme dans l’excellent volume précédent et, sous pression, chacune des trois jeunes femmes va réagir en fonction de son passé et de ses motivations. Pour deux d’entre elles, l’espoir d’une vie différente et sans doute meilleure l’emporte quand la dernière voit son intégrité de flic vaciller.
Le thriller violent et sanglant tient toutes ses promesses dans la première moitié du livre où l’écriture tendue de Matt Fraction fait merveille. Puis il propose trois épilogues – un pour chaque femme – aux tonalités résolument différentes mais tous emprunts d’une profonde émotion qui gagne le lecteur, qui sait aussi que l’aventure approche de la fin. Les destinées bouleversées se teintent alors d’espoir de changement et de futur plus radieux bien qu’incertain. Le rappel à certaines scènes des volumes précédents permet de fermer les boucles d’une belle façon. Le voyage a été singulier, palpitant, émouvant, marquant. Inoubliable.
November aurait été différent sans le trio à l’origine de la magnifique et originale partie graphique. Grâce au découpage en forme de variations sur le gaufrier d’Elsa Charretier et à son trait arrondi et dynamique, le récit bénéficie d’un rythme éclatant et sans temps mort. Son sens du cadrage et de la mise en page impose cette ambiance de polar qui séduit tant. Les teintes de Matt Holligsworth – pâles dans un premier temps puis vives – adaptées aux séquences et aux personnages favorisent une identité propre à la série et s’accommodent parfaitement au trait de la dessinatrice. Enfin, le lettrage sophistiqué de Kurt Ankeny renforce la singularité de November. L’édition est toujours aussi belle avec son titre en relief, sa sublime cover, son design grillagé et son papier épais.
November tire sa révérence et tout, de son écriture à sa partie graphique en passant par son lettrage et son édition luxueuse, aura été ambitieux, avec succès. Un voyage au travers de trois destins de femmes que le lecteur, tour à tour captivé, surpris, ému, gardera en mémoire de façon indélébile.