Quelques semaines après l’excellent Johnny Red paru chez Komics Initiative, revoici le trio Garth Ennis – Keith Burns – Jason Wordie pour un nouveau récit de guerre.
Out of the blue met en scène James McKenzie, un pilote de RAF qui se retrouve affecté à des frappes maritimes le long des côtes norvégiennes. Peu en odeur de sainteté auprès de son chef suite à un accident, McKenzie se retrouve affublé du plus impopulaire co-pilote et de l’appareil le moins fiable de la flotte; sans compter les regards de son commandant sur sa jeune épouse.
On retrouve dans Out of the blue, le caractère très humain des récits de guerre du scénariste irlandais. Là où ses titres les plus célèbres chez Vertigo font dans le cynisme et l’irrévérence, point de cela ici, bien au contraire. Garth Ennis tire parti du contexte terrible de la guerre pour exprimer toute la palette des sentiments humains. A travers McKenzie, ses partenaires et sa femme, le scénariste dresse un portrait des Hommes pris dans le tourbillon des horreurs indicibles.
La guerre transforme les Hommes et les use. Que cela soit McKenzie, du genre maladroit et timide qui s’avère un aviateur redoutable ayant de nombreuses victimes allemandes à son tableau de chasse ou son commandant, que la disparition de ses hommes au fil du conflit fait vaciller au point d’avoir un comportement abject avec McKenzie.
En toile de fond de ce tableau, Garth Ennis dessine une romance efficace quoique très classique, faite de rivalité, d’inquiétude et d’incompréhension. Comme il aime à le faire dans ses récits de guerre, le scénariste aborde également des thèmes autant liés à leur époque qu’universel. Il s’intéresse ici aux soldats grands brûlés dont la médecine s’empare tels des cobayes et à leurs traumatismes, aussi bien physiques que psychologiques. Le racisme et les préjugés s’invitent également lorsque le co-pilote de McKenzie se trouve être un Hindou, plutôt fraichement accueilli par les troupes Britanniques.
Garth Ennis parvient au final à bâtir un récit où se mêlent, avec un juste équilibre, humour, action et émotion. De nombreux moments touchent vivement quand des dialogues piquants et quelques scènes plus grivoises amènent le sourire.
Bien évidemment, Garth Ennis trouve en Keith Burns un redoutable illustrateur de ses histoires aéronautiques. Comme dans Johnny Red, l’artiste livre des planches de combat aérien tout simplement sublimes, à la fois réalistes et épiques, et qui révèlent toute la violence des affrontements. Ses planches au ton plus intime sont également très travaillées d’un trait sec et vif. Riche en décors et en designs inventifs, on ne reprocher à son dessin que quelques visages un peu irréguliers. De son côté, Jason Wordie propose, une nouvelle fois, un travail épatant sur les couleurs, mettant en valeur le trait fouillé du dessinateur.
Ce nouveau récit de guerre de Garth Ennis met en scène des êtres pris dans le terrible tourbillon de la guerre, révélant leur part d’humanité. Abordant de multiples thèmes, l’histoire sait aussi bien émouvoir que dérider alors que l’Irlandais s’adjoint, une nouvelle fois, le talent incomparable de Keith Burns pour peindre les combats aériens ! Une nouvelle réussite à ranger au côté de Johnny Red !