Comme de coutume, Delirium propose un titre hors norme avec ce Panorama de Michel Fiffe, auteur méconnu en France puisque c’est sa première œuvre traduite en VF, par le très bon Alex Nikolavitch dans le cas présent.
Augustus et Kim sont deux jeunes amoureux qui se cherchent dans la vie à l’aube du passage à l’âge adulte. Mais Augustus subit une étrange malédiction qui consiste en la déformation de son corps, de façon plus ou moins volontaire, au gré de ses émotions. Il décide alors de rejoindre la ville et de fuir sa vie présente, dans l’espoir de se construire un avenir différent. Il est bientôt rejoint par Kim. Ce sera pour eux une quête personnelle et identitaire.
Michel Fiffe raconte la folle expérience de la jeunesse au travers d’une quête d’identité à laquelle vont venir se mêler rebondissements et personnages inattendus et rocambolesques. L’aventure de Kim et Augustus déborde de thèmes. Le jeune couple fait face au regarde des autres, à l’angoisse de l’avenir, au désir, à la découverte de la sexualité ou encore à l’inquiétude de l’engagement. Ils doivent également affronter un monde âpre qui ne leur fait pas de cadeaux. Un monde qui se révèle plein de pièges qu’ils n’ont pas anticipés. Michel Fiffe ancre son odyssée dans un univers punk des années 70-80. Salle de concert rock, cassette audio, loubards servent de décor au récit.
La très grande force de Panorama est d’offrir le prisme graphique de l’horreur façon « body-horror » pour illustrer toutes ces étapes de le vie de ces jeunes adultes. Les corps expulsent, dégoulinent, se déforment, se démultiplient en excroissances monstrueuses. L’influence du manga est indéniable. On pensera aisément à Junji Ito, l’auteur notamment de l’excellent Spirale ou encore à Hitoshi Iwaaki avec Parasite. Mais l’artiste exploite pleinement les potentialités des pages en proposant des compositions inventives qui amplifient l’effet graphique de l’explosion des corps. Michel Fiffe use également d’un trait vif et dynamique qui impose un rythme soutenu à son histoire et rend fluide la narration.
L’histoire se clôt par un épilogue élégiaque surprenant qui offre un nouvel angle touchant où la couleur fait son apparition et qui, si cela était encore nécessaire, nous rappelle que Panorama est une œuvre qui ne cesse de surprendre et Michel Fiffe, un auteur hors norme.
On a hâte désormais de découvrir sa série super héroïque Copra à sortir en septembre également chez Delirium dont on notera, une nouvelle fois, la qualité de l’édition proposée !
Panorama fait l’effet d’un uppercut ! Le lecteur ressort sonné de la lecture de cette œuvre hors norme, à la fois expérience graphique et narrative !