Comme souvent, la production cinématographique ou issue de plateformes donne l’occasion aux éditeurs de (re)sortir le matériel original, celui que l’on chérit plus que tout ! C’est le cas avec Paper Girls de Brian K Vaughan et Cliff Chiang, précédemment éditée en 6 tomes, qui arrive en intégrale avec un premier volume sur 2.
Au lendemain d’Halloween, Mac, KJ, Tiffany et Erin, quatre adolescentes livreuses de journaux sillonnent les rues de Stony Stream lorsque leur itinéraire croise un groupe d’individus étranges et violents qui semblent provenir d’une machine dont tout indique qu’elle n’a rien de Terrestre…
Une série en forme d’hommage aux 80’s
Pour cette série de Science-Fiction, les auteurs s’inspirent fortement de leur propre jeunesse dans les années 80 en situant leur intrigue initiale dans cette période au gout de nostalgie pour nombre de lecteurs. Dès les premières pages, les clins d’œil sont légion, s’inscrivant dans divers domaines, qu’ils soient historiques, technologiques ou artistiques, conférant aux débuts de la série un vrai côté ludique. Mais rapidement, le fantastique s’invite et les auteurs installent un suspens haletant autour des événements qui viennent troubler leurs vies. Les quatre gamines voyagent alors dans le temps sans trop savoir où ni comment, au même titre que le lecteur qui s’abandonne facilement à ce jeu de pistes surprenant.
Brian K Vaughan sait parfaitement distiller ses mystères au travers de personnages énigmatiques ou de créatures effrayantes, de mensonges, de faux-semblants, d’informations rapidement contredites. Si peu de réponses sont amenées dans ce premier volume, les questions sont suffisamment bien amenées et pertinentes pour accrocher le lecteur.
Quatre ados super attachantes
Mais le gros point fort de Paper Girls est bien évidemment ces quatre ados que Brian K Vaughan prend plaisir à croquer. D’abord en leur donnant des caractérisations tranchées et uniques qui les amènent à se confronter et à mettre en avant leurs personnalités respectives. Par leurs interactions, le scénariste saisit bien l’ambiance des années 80, encore sclérosées par certains préjugés mais en pleine évolution.
Brian K Vaughan apporte également beaucoup d’émotion en évoquant par petites touches leurs histoires personnelles et familiales, exacerbées par leurs incursions dans l’avenir où l’une va rencontrer son moi du futur, où une autre va connaitre la façon dont elle doit mourir. Autant d’éléments bien exploités qui amènent des séquences fortes.
Une partie graphique réussie
Le dessinateur Cliff Chiang qui œuvre dans la bande dessinée américaine depuis le tout début des années 2000 et sort, à l’époque, d’un long et excellent run sur Wonder Woman en compagnie de Brian Azzarello, inscrit parfaitement son style singulier dans un environnement de Science-Fiction. Si nombre de séquences se situent dans un cadre terrestre – souvent urbain – que l’artiste maitrise très bien, ses incursions dans le fantastique à travers vaisseaux, créatures ou technologies sont réussies et crédibles. Son trait fin décortique idéalement ses personnages – en particulier ses héroïnes aux designs marqués – et met en place des décors immersifs. La plongée dans les années 80 est totale à travers les coupes de cheveux ou les tenues vestimentaires.
Son compère aux couleurs, Matt Wilson – secondé par Dee Cunniffe, s’invite avec des teintes mats qui donnent dans le mauve ou le bleu conférant à la série une vraie identité. Les deux artistes forment un binôme parfait pour une partie graphique très réussie !
Review réalisée à partir des tomes 1 à 3 – première édition.
Cette première intégrale de Paper Girls séduit fortement par son quatuor d’adolescentes, parfaitement croquées par Brian K Vaughan, et son mix d’ambiances, entre 80’s et Science-Fiction maligne. La série distille idéalement ses mystères, accrochant aisément le lecteur qui a hâte de découvrir la destinée de Mac, KJ, Tiffany et Erin dans la seconde intégrale !