Raptor (VF)

Raptor
Date de Sortie
4 mai 2022
Scénario, dessin
Dave McKean
Editeur
Futuropolis
La note de ComicStories
9

Artiste à l’univers des plus singuliers et surtout connu pour ses collaborations avec Grant Morrison ou Neil Gaiman, Dave McKean est également auteur de romans graphiques qui exploitent totalement sa folle palette artistique. Le dernier en date, intitulé Raptor, bénéficie d’une édition dans un superbe volume chez Futuropolis, éditeur de bandes dessinées qui, lorsqu’il s’aventure outre atlantique, cible clairement ses préférences : Matt Kindt, Jeff Lemire ou encore Geoff Darrow.

Dans Raptor, Dave McKean propose de suivre deux trames parallèles qui finissent par se lier : dans un univers à l’ambiance médiévale, Sokol est un chasseur de monstres qui délivre ses services à ceux qui peuvent se les offrir, tandis qu’Arthur est un écrivain de Fantasy dans le Pays de Galles du XIXème siècle qui fait le deuil de son épouse récemment disparue.

Dans ce récit difficile d’accès, l’artiste brasse une multitude de thèmes qu’il aborde dans des séquences au charme énigmatique. Pratiques occultes, pouvoir de la littérature, liens entre réel et imaginaire, enjeux politique ou amour de la nature nourrissent le puzzle de l’auteur qui s’éclaire par moments tout en gardant une forte composante obscure qui n’empêche nullement le lecteur qui se laisse porter par ses sensations de se laisser captiver. Car au-delà d’un récit à la cohérence et à la logique implacables, le plaisir du lecteur vient de sa capacité à se laisser aller à la poésie, à l’étrangeté, à l’interprétation que la narration très littéraire renforce dans ce qu’elle invite à ressentir les choses et les ambiances.

Comme dans toutes ses œuvres, l’art de Dave McKean éblouit tout autant par ce qu’il transmet que par sa façon de servir le propos. Cette combinaison est totale dans Raptor. Dès la scène d’ouverture où le lecteur observe, dans une sorte de brume oppressante, un rapace fondre sur une proie dont il va faire un festin avant de découvrir Sokol, personnage vêtu d’un long manteau et visage masqué, errant dans un paysage inhospitalier, le lecteur est plongé dans une ambiance étrange où les sensations dominent. Chaque séquence suivante possèdera ensuite sa propre atmosphère. De Raptor se dégage l’amour de la nature sauvage que chérit l’auteur et qu’il transcrit en baladant ses personnages dans une région côtière hostile ou une forêt inquiétante.

L’artiste joue sur les proportions de ses personnages pour en accentuer les expressions, offrant un côté quelque peu baroque. Il également s’aventure dans des zones davantage picturales lors de séquences qui s’apparentent à des interludes ou à des rêveries. La richesse – en termes de variétés, de matériaux utilisés, d’émotions rendues,..- de la partie graphique est totalement bluffante. Certaines planches épatent ou ravissent.

Nombre de questionnements demeurent en suspens à la fermeture du livre mais cela donne davantage envie d’y retourner pour une seconde lecture afin de poser un regard différent sur l’œuvre. Chaque lecteur aura sa propre interprétation ou son propre regard sur chaque séquence et sur l’ensemble de l’œuvre mais il est indéniable que Raptor ne laisse pas indifférent !

Raptor est œuvre aussi cryptique que fascinante marquée par la partie graphique de Dave McKean ! Le lecteur qui ne se laissera pas déstabiliser par ce récit difficile d’accès y trouvera sensations et émotions ! 

9
Points forts
Une partie graphique époustouflante
Un récit riche et captivant...
Points faibles
..mais cryptique, ce qui pourrait refroidir nombre de lecteurs