Red Room – Tome 1 – Le réseau Antisocial (VF)

Red Room - Tome 1
Date de Sortie
28 septembre 2002
Scénario & dessin
Ed Piskor
Traduction
Nicolas Bertrand
Editeur
Delcourt
La note de ComicStories
9

Auteur de Hip Hop Family Tree, comic retraçant l’Histoire du Hip Hop, Ed Piskor a été récemment (re)mis dans la lumière par X-Men : Grand Design, relecture personnelle de l’Histoire des Mutants de chez Marvel. Mais c’est Red Room, sa production indé suivante qui nous intéresse ici. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on change totalement de registre et d’ambiance !

Dans Red Room, Ed Piskor imagine un réseau (anti)social issu du Drakweb où circulent des vidéos de torture et de meurtres – les  Snuff Movies – dont se régalent des spectateurs de plus en plus nombreux qui règlent l’addition en Bitcoins. Au travers de 4 épisodes plus ou moins indépendants, l’auteur tisse un vaste monde où l’horreur croise le grotesque.

Dans sa préface, Ed Piskor brosse la toile de fond de ses influences de jeunesse : Contes de la crypte, romans de Stephen King, films de série B et d’horreur picorés dans les vidéoclubs bordant les rues de son quartier. On retrouve tout cela dans Red Room où le second degré s’enlace à l’horreur la plus gore pour un résultat réjouissant pour qui n’a pas l’âme trop sensible ou n’est pas hermétique au genre.

L’auteur développe son monde de façon habile, même si les premières séquences donnent l’impression volontaire d’un puzzle dont les pièces ont du mal à s’assembler. Mais très vite, le lecteur ajuste les pièces. A travers l’activité du réseau social Pentagram, créateur et diffuseur de vidéo de torture et de meurtres, évolue une galerie de personnages tous plus ou moins dérangés, qu’ils soient acteurs ou spectateurs. Tout en ironie et en exagération, l’auteur croque avec férocité les portraits des membres de Pentagram, chasseurs et éleveurs de proies humaines comme de meurtriers psychopathes, comme des visiteurs dont les messages sur le réseau délivrent toute leur folie ! Ed Piskor décrypte également, à travers ce Pentagram outrancier, les dérives des réseaux sociaux et les craints sociales du besoin d’exister et d’assouvir toutes ces obsessions.

Ed Piskor ne s’interdit rien pour mettre mal à l’aise son lecteur, lui faire hérisser les poils ou le faire rire (jaune). D’abord dans les idées dingues qu’il injecte dans son histoire mais aussi dans son graphisme totalement déjanté. Son trait caricatural trouve une expression folle dans les actes d’horreur décrits. Décapitation, dépeçage, éviscération, énucléation et autres réjouissances sont au programme de cette partie graphique ultra détaillée infusée de cet esprit série B. L’artiste use également de niveau de gris et d’une bichromie noir/crème qui offrent une ambiance très EC Comics !

Ed Piskor trouve, dans ses influences personnelles, un mix de Série B, d’horreur et d’ironie qui fonctionne très bien, d’autant que son trait caricatural et détaillé accentue tous ces aspects. Si l’on ne mettra pas Red Room entre les mains du petit dernier qui suce encore son pouce, le comic d’Ed Piskor a de sacrés arguments pour séduire les amateurs du genre !

9
Points forts
Un comic qui ne s'interdit rien
Très graphique
Une construction habile
Le mix de série B et d'horreur
Les bonus
Points faibles
Âmes sensibles s'abstenir