Après un premier tome qui mettait en place une intrigue forte, le trio Brubaker – Phillips – Breitweiser poursuit l’aventure dans ce deuxième tome plus riche en nombre d’épisodes (6) et qui fait monter la pression de façon impressionnante.
Poussé par le Démon, Dylan continue sa quête meurtrière en tuant des individus qui « le méritent ». Dans le même temps, il retrouve Daisy, son ex qu’il avait quittée au début de la série. En parallèle, le scénariste nous conte la jeunesse de Kira et ses tourments et nous fait découvrir un nouveau personnage, l’inspectrice Lily Sharpe qui est sur la piste de Dylan.
Ce qui marque d’emblée avec ce deuxième tome, c’est l’implacable fluidité de la narration et des évènements racontés. Alors que le premier tome m’avait semblé pâtir d’une narration un peu bavarde, il n’en est rien ici. Dylan est embarqué dans un tourbillon dont il ne peut s’extraire et le lecteur avec lui. Alors qu’il commet un meurtre, il est vu par un policier. Un portrait-robot est alors à la disposition de la police et cela va tout changer. Lily Sharpe, policière qui a travaillé sur le premier meurtre de Dylan tente de faire le lien. Il est désormais traqué. Il commet quelques imprudences qui vont mettre également les Russes sur sa trace. C’est un Dylan désormais cerné qui tente de reprendre une vie plus ou moins normale en renouant avec Daisy.
Tous ces événements s’enchaînent sans temps mort. Brubaker prend même le temps de consacrer quasiment un épisode entier à la jeunesse Kira et un autre à s’intéresser à Lily Sharpe. Mais rien ne vient casser le rythme du récit. C’est limpide.
Le scénariste se permet également de varier la forme de son récit. Le narrateur est toujours Dylan mais cette fois-ci, il s’adresse directement au lecteur, créant une sorte de complicité. A d’autres moments, il reprend son format de prose du tome 1 bordé d’une ou plusieurs cases verticales. Enfin, la jeunesse de Kira nous est raconté sous forme d’un album photos. Cette multitude de formes d’écriture enrichie grandement la série et lui confère une force saisissante. Mais la forme ne serait rien sans le fond ! Une autre force de Kill or be killed est la caractérisation de ses personnages. Dylan et Kira gagnent encore en épaisseur. Par sa visite chez sa mère, l’on apprend davantage sur la famille de Dylan et par cet épisode album photos, sur celle de Kira. Le duo se rapproche à nouveau. Cela va-t-il faire basculer totalement Dylan ? Le Démon existe-t-il ou est-ce Dylan qui frôle la démence, Brubaker jouant constamment sur ce doute ? Dylan va-t-il poursuivre sa quête meurtrière ? Ces questions nous brûlent les lèvres au sortir de ce deuxième tome totalement prenant !
Le trait de Sean Phillips n’a peut-être jamais été aussi précis et détaillé. Le soin apporté aux décors et à la mise en page est remarquable. Cela amène une densité graphique impressionnante. La colorisation d’Elizabeth Breitweiser est également sublime et crée une réelle symbiose avec les dessins de Phillips. Du grand art !