Rover Red Charlie (VF-Komics Initiative)

Rover Red Charlie
Date de Sortie
28 février 2020
Scénario
Garth Ennis
Dessins
Michael Dipascale
Editeur
Komics Initiative
La note de ComicStories
8

Komics Initiative, qui s’est spécialisé notamment dans la production de titres inédits d’auteurs fameux (Warren Ellis, Wally Wood, Jeff Lemire), s’attaque ici au sulfureux et excellent Garth Ennis avec la double sortie de Caliban, récit de science fiction et Rover Red Charlie, récit canin post-apocalyptique. Associé au dessinateur Michael Dipascale, l’auteur dont on connait l’amour pour le non politiquement correct choisit un angle atypique pour aborder ce genre maintes fois traité.

Alors que les êtres humains deviennent fous et se tuent les uns les autres dans une apocalypse totale, l’on va suivre la destinée de trois chiens – Rover , Red et Charlie – qui vont s’allier pour survivre dans ce monde détruit. Lorsque le récit débute, peu d’humains sont encore vivants et ceux qui le sont, agissent de façon démente. Les chiens, dont les maîtres ne sont plus, tentent de se dépatouiller dans ce chaos

Si le récit est un peu lent à décoller et que l’on se demande ce que Garth Ennis veut nous raconter, l’histoire s’emballe lorsque le trio de chiens se lance dans son « road movie« . Red, Rover, Charlie devient alors une histoire d’amitié forte mêlant l’humour trash de l’auteur, de l’action et de grands moments d’émotion. 

La première force du récit est la façon dont Garth Ennis va permettre au lecteur de saisir les sentiments et expressions des animaux en adoptant un vocabulaire simplifié mais très explicite. Les maîtres humains des chiens sont les « nourrisseurs« , la mer est le « grand plouf », les aboiements sont traduits par « je suis un chien ». Cela fonctionne particulièrement bien. Les trois compères ont des caractères bien différents : Red est le gars sympa, un poil benêt, qui demande toujours qu’on lui sente le dernière pour savoir si cela sent bon, Rover, le chien d’aveugle, toujours prêt à rendre service et Charlie, le narrateur de l’histoire, plutôt futé et plein de bon sens.

La seconde force du récit est la partie graphique. Michael Pascale parvient à rendre « humains » ces bêtes à poils. Il transmet au lecteur, avec une bluffante aisance, les émotions des chiens. Les trois races différentes de chiens utilisées lui permettent également de caractériser les expressions en fonction du « personnage ».  

Garth Ennis cisèle ses dialogues, réservant quelques échanges savoureux. Certaines scènes dures parsèment également l’histoire. Le récit se clôt sur un ultime chapitre chargé en émotion. A la fois ultra violent mais aussi particulièrement touchant, il fait passer Rover, Red, Charlie dans une dimension supérieure qui marque les esprits.

L’édition de Komics Intiative en format semi souple est de très bonne facture, agrémentée de courtes interviews et de croquis.

S’il met un peu de temps à se lancer, Red, Rover, Charlie marque les esprits par son originalité et une fin d’une grande justesse qui touche le lecteur au plus profond.
8
On aime
Les dessins de Michael Dipascale, humanisant ces sacrées bestioles
Un mélange d'humour, de trash et d'émotion
Un dernier épisode sublime
On aime moins
Une mise en route un peu lente