Publiée précédemment par les éditions Rackham, notamment dans une belle intégrale, l’œuvre culte de Frank Miller revient dans un nouveau format et une nouvelle traduction chez Huginn & Muninn !
Le retour au roman noir
Lorsqu’en 1991, les lecteurs découvrent, dans les pages de l’anthologie Dark Horse Presents, les premières pages de Sin City, le choc est total ! L’auteur, qui a imprimé sa patte sur les comics de super héros dans les années 80, retourne à ses premières amours du roman noir, genre qu’il a également utilisé dans certaines de ses prestations héroïques comme Batman Year One ou Dardevil. Pour redonner ses lettres de noblesse au genre en bande dessinée, l’auteur choisit un format feuilletonnesque qui va tenir les lecteurs en haleine pendant des semaines, au fil des différents volumes (7 au total).
Une métamorphose graphique
Le renouveau de l’auteur vient également du côté graphique avec la surprise de découvrir les pages de Sin City dans un noir & blanc fascinant où l’artiste alterne petites et grandes cases, hachures électrisantes, perspectives de briques, onomatopées exubérantes, cadrages cinématographiques. Frank Miller démontre toute sa maitrise de l’encrage et de la disposition des blancs qui, dans certaines compositions, définissent les formes, en lieu et place des traditionnels noirs. Le résultat est éblouissant et renforce les ambiances sombres et violentes que l’auteur a orchestré dans ses scénarios.
Sombres Adieux
Frank Miller inaugure sa série avec un premier segment où il met en scène Marv, un videur brutal, sorte de hors-la-loi en marge de la société qui entretient des relations compliquées aussi bien avec les forces de police qu’avec les femmes. Se réveillant un matin au côté de la femme qu’il vient de rencontrer et avec qui il a passé la nuit, Marv la découvre sans vie et décide de se mettre en chasse de celui qui l’a tuée. Le lecteur suit alors le colosse dans une longue chasse à l’homme où il découvre la ville de Sin City, ses quartiers, ses lieux glauques, sa violence. S’il ne décrit encore qu’en surface son univers urbain, Frank Miller permet au lecteur d’humer, déjà, les durs en imper, les femmes qui arpentent les rues ou dansent dans les boites, les fusillades.
Une femme à se damner
Au cœur de Sin City, se trouvent l’amour et la mort, plus que jamais liés ! A l’instar de Marv, amouraché de Goldie, morte dans son lit, Dwight ne peut se détacher d’Ava, femme fatale qui l’a trahi et qui va l’entrainer sur un chemin semé de cadavres. Détective embauché par un grec du nom d’Agamemnon, Dwight possède un code d’honneur et un sens de l’empathie dont était dépourvu son prédécesseur, ce qui va l’emmener à secourir celle qui va le conduire à sa perte, révélant en lui la bête qui sommeille.
Frank Miller entremêle les trames de ces deux premiers volumes pour développer un peu plus son univers, notamment les femmes qui acquièrent un rôle plus important. L’auteur les décrit souvent sexy, envoutantes mais aussi torturées. Il renoue également avec ses amours Ninja à travers le personnage de Miho.
Deux formats pour contenter tout le monde
Cette nouvelle édition est l’occasion de proposer, pour l’éditeur, une nouvelle traduction signée Henri Lœvenbruck, auteur de polars historiques. Si l’argot présent dans la précédente mouture est atténué, la modernité et la fluidité du phrasé de l’auteur font mouche. Huginn & Muninn en profite également pour enrichir les tomes de préfaces très instructives rédigées par deux spécialistes de la bande dessinée américaine : Yann Graf et Jean-Marque Lainé.
La question du format – souple/cartonné – et du prix revient régulièrement ces derniers temps. L’éditeur choisit donc judicieusement de proposer deux formats : l’un souple plutôt « grand public » à 19,95 € et l’autre collector, plus grand, cartonné, augmenté de bonus et dont les tranches formeront une jolie frise, à 35 € !
En attendant, les 5 tomes suivants et la réédition de 300 dans quelques semaines, vous n’avez plus d’excuse pour ne pas (re)découvrir cette œuvre culte de Frank Miller dont les deux premiers tomes sortent le 22 septembre pour la version souple et le 29 septembre pour la version collector !
Trente ans après sa sortie, Sin City demeure une œuvre toujours aussi fascinante qu’Huginn & Muninn propose de (re)découvrir dans deux formats, à même de contenter tout le monde !