Space Bastards (VF-Humanoïdes Associés)

Space Bastards
Date de Sortie
1 septembre 2021
Scénario
Eric Peterson, Joe Aubrey
Dessin
Darick Robertson
Couleurs
Diego Rodriguez, Pete Pantazis
Editeur
Les Humanoïdes associés
La note de ComicStories
8

Lorsque l’on évoque des comics qui ne s’interdise rien, le nom de Garth Ennis surgit rapidement dans la conversation. Le scénariste a marqué les esprits des lecteurs de comics indés avec des créations comme Preacher en compagnie de Steve Dillon ou The boys avec Darick Robertson. Retrouver ce dernier – également à l’origine de Transmetropolitan avec Warren Ellis – au cœur du projet Space Bastards n’est guère surprenant tant le pitch et la réalisation sentent bon l’esprit décomplexé de ces œuvres. Eric Peterson et Joe Aubrey ont écrit une folie propre à permettre à l’artiste de se – nous – régaler.

Dans un futur où le chômage et l’insatisfaction au travail atteignent des sommets, le Service Postal Intergalactique offre un job à nul autre pareil : tous les coups sont permis à condition d’être le premier à livrer son colis ! Allez, c’est parti pour 250 pages de gros délire

Dès les premières pages, le ton est donné : ça va canarder, ça va saigner, l’humour sera gras et on va bien se marrer ! Enfin, si on n’est pas hermétique à ce genre de bd. Sinon, passez votre chemin !

Les auteurs concoctent une intrigue à l’humour souvent cru et de mauvais goût, où les blagues se situent régulièrement au-dessous de la ceinture et appartiennent au registre fleuri de la langue. Mais l’histoire n’est pas qu’un prétexte à quelques situations décalées et à quelques bons mots. Le récit est bien troussé avec de l’action, bien sûr, mais aussi un arrière plan politique et financier où chacun joue évidemment pour sa pomme. Au milieu de cette folie au rythme effréné, Eric Peterson et Joe Aubrey évoque quelques thèmes comme l’exploitation au travail ou le sort réservé aux Indiens d’Amérique.

Space Bastards déploie également une collection de personnages haut en couleur à la caractérisation aux petits oignons. Du postier bodybuildé complètement dingo à l’extra-terrestres obsédé par les filles d’un âge peu avancé en passant par l’assistante potiche qui prend son destin en mains pour prendre la place de son patron totalement barré, les auteurs font étalage de leur riche imagination.

Au final, l’histoire finit par se laisser prendre à son propre piège en perdant un peu en pertinence et en cohérence, en se parant d’une certaine confusion sur les derniers épisodes. Un petit peu dommage mais pas de quoi gâcher le plaisir de lecture.

Le présent volume est présenté comme un récit complet mais la série se poursuit en VO. A voir si la suite verra le jour en VF.

Mais bien sûr, Space Bastards n’aurait pas le même charme sans Darick Robertson au dessin. L’artiste s’exprime dans un domaine qu’il maitrise à merveille : le dessin irrévérencieux mâtiné d’action folle et de violence explicite. Les designs de ses personnages sont impeccables et inventifs, ses décors d’anticipation urbaine, parfaits et les ingrédients science-fictionnels, immersifs. Les coloristes Diego Rodriguez et Pete Pantazis apportent leurs pattes pour un petit goût de classique pour l’art de Robertson !

S’il ne s’adresse pas à tous les publics, Space Bastards possède suffisamment de qualités tant scénaristiques que graphiques pour séduire les amoureux de comics irrévérencieux et déjantés qui vont se régaler!

8
Points forts
Fun, déjanté, drôle, gras
Quelques thèmes abordés
Un Darick Robertson en très grande forme
Points faibles
Pas pour tous les publics
Une intrigue qui perd un peu de sa cohérence à la fin en devenant confuse