Après Sandman et Hellblazer, Si Spurrier s’attaque à la Suicide Squad pour une mini-série en trois parties illustrée par son complice, déjà présent sur le titre sur John Constantine, Aaron Campbell et colorisé par Jordie Bellaire.
Le scénariste britannique imagine un méta-humain surpuissant s’attaquant à la Terre qu’Amanda Waller a la charge de stopper. Pour cela, elle recrute cinq nouveaux membres, fruits d’une expérience génétique qui leur offre des pouvoirs incroyables, et qui vont être chaperonnés par cinq membres de la Suicide Squad dont Harley Quinn. Comment imaginer que cela ne va pas mal tourner ?
Si Spurrier propose un récit assez étrange dans lequel il n’est pas aisé pour le lecteur de s’impliquer. Narré par l’un des nouveaux membres, mentalement déséquilibré, l’histoire se trouve en permanence entre le récit violent traditionnel de la Suicide Squad avec son lot d’action et de recherche de limites du code moral, et le décryptage d’une relation à fort caractère psychologique entre deux personnages. Mais le mix des deux ne trouve jamais un équilibre satisfaisant, induisant l’idée que le scénariste ne décide jamais vraiment ce qu’il veut raconter et engendrant des longueurs.
Si Spurrier choisit de créer de nouveaux personnages, auxquels on ne s’attache jamais vraiment, sans doute afin de pouvoir les sacrifier. Mais l’auteur, livrant son récit dans le Black Label, aurait sans doute trouvé plus de force en utilisant les personnages existants et connus et en les maltraitant, à la manière d’un Tom Taylor.
Mais son récit possède aussi des qualités, notamment dans son déroulé très efficace et certaines bonnes idées à propos des pouvoirs qui amènent des rebondissements et des questionnements très intéressants. Certains passages lorgnant vers l’horrifique sont également très réussis.
C’est finalement la partie graphique qui marque le plus fortement. Aaron Campbell possède une palette riche et variée allant du super héros classique mais crasseux au cosmique psychédélique en passant par l’horrifique délicieusement terrifiant ! Sa collaboration avec la géniale Jordie Bellaire fait penser à de nombreuses reprises à Bill Sienkiewicz ou Dave McKean ! Les planches imposent parfaitement les volontés scénaristiques de Si Spurrier ! Une partie graphique qui n’est pas tout public mais qui époustoufle !
Suicide Squad Blaze ne choisit jamais vraiment ce qu’il veut raconter, reléguant finalement ses très bonnes idées derrière un mix jamais équilibré. Reste une partie graphique époustouflante signée Aaron Campbell et Jordie Bellaire.