Stjepan Seijic a su fédérer un nombre non négligeable de lecteurs fidèles autour sa très originale série Sunstone publiée en VF chez Panini. Après un excellent premier segment de 5 tomes démarrant un tentaculaire projet, l’auteur revient avec une deuxième partie intitulée Mercy qui va s’intéresser à la rencontre de deux personnages secondaires du premier arc : Anne & Alan.
A peine le comic ouvert , l’on se retrouve en terrain connu. Stjepan Seijic reprend le ton délicat et léger qui lui a permis de fondre ses histoires de cœur dans un moule BDSM de prime abord scabreux pour nombre de lecteurs. Le scénariste construit son histoire en miroirs se renvoyant les aventures d’Anne et d’Alan. Pour le second, nous découvrons en détails sa relation avec Ally qui avait été un peu développée dans Sunstone. Les clins d’œil avec le premier arc sont d’ailleurs multiples et savoureux.
Du côté d’Anne, l’on découvre les amours lesbiens de la jeune femme. Les chassés-croisés, les situations rocambolesques ou gênantes et les éclats de rire jalonnent ces récits.
Stjepan Seijic maîtrise toujours aussi bien son univers, évoquant des sujets forts. Si l’idée principale du scénariste est de nous conter les tâtonnements amoureux de ses personnages, il profite du contexte BDSM pour parler de la difficulté d’être différent, de par ses goûts ou sa sexualité. La forme de harcèlement dont est victime Alan quand les étudiants découvrent ses dessins BDSM est décrite avec minutie et force. Il parvient également à intéresser le lecteur le plus néophyte ou le plus perméable au sujet du BDSM, aux aventures exotiques de ses personnages. Le lecteur s’identifie et s’attache à Alan, Anne, Ally ou Laura.
La voix off, fluide et au ton léger entraîne sans difficulté le lecteur, même si certains pourront trouver l’ensemble un peu bavard. Les situations, si rocambolesques soient-elles, se déroulent avec évidence sur un rythme de narration impeccable. L’humour, efficace et jamais vulgaire malgré des séquences très crues, fonctionne à merveille !
Bien évidemment, le trait de Stjepan Seijic, désormais reconnaissable au premier coup d’œil, participe à la réussite de Mercy. Dans les scènes de dialogues, sa mise en page est classique mais efficace, variant à volonté la forme de ses cases. Pour les scènes érotiques, la beauté de ses corps et le choix des mises en scène font de ses planches, un régal. Malgré une certaine crudité, la vulgarité n’a jamais sa place. Les expressions des personnages, souvent accentuées, amènent également le détachement nécessaire pour faire passer un dialogue olé-olé ou un geste osé. La maîtrise graphique est parfaite.
Avec Sunstone-Mercy, Stjepan Seijic glisse un message précieux sur le droit de choisir sa sexualité, le droit de disposer de son corps et la tolérance envers les autres.