The department of truth – tome 1 (VF-Urban Comics)

The department of truth - tome 1
Date de Sortie
28 janvier 2022
Scénario
James Tynion IV
Dessins & couleurs
Martin Simmonds
Traduction
Maxime Le Dain
Editeur
Urban Comics
La note de ComicStories
10

Les tambours de la VO annoncent, depuis maintenant plus d’un an, les grondements puissants de The department of truth, l’une des séries les plus marquantes de 2020. Pour cet ambitieux projet, l’incontournable James Tynion IV s’associe au fascinant Martin Simmonds.

L’agent Cole Turner enquête, depuis des années, sur les théories conspirationnistes qui s’exposent sur les forums du monde entier. L’une d’entre elles l’amène à intégrer un groupe qui va faire vaciller ses convictions. C’est à cette occasion qu’il est contacté par le Departement de la vérité, une agence gouvernementale occulte qui pourrait également bouleverser sa vision du monde.

La proposition artistique du duo Tinion IV – Simmonds est clairement audacieuse. En témoigne d’abord cette partie graphique écorchée qu’un Bill Scienkiewicz ne renierait pas. Ces peintures au trait crasseux et aux couleurs tantôt sombres tantôt flamboyantes irradient les pages en installant une ambiance hallucinée, inquiétante et claustrophobe.

L’artiste joue sur les formes. La présence de damiers dans plusieurs scènes rappelle une certaine folie à travers l’hypnotisme des images. Le mélange et le contraste des couleurs accentuent l’angoissante impression ressentie. Pour créer un sentiment de brouillage et de violence, Martin Simmonds parsème ses planches de tâches à l’aspect crasseux. L’artiste sait aussi proposer une mise en page inventive, en étant aussi à l’aise sur des gros plans que sur des pleines pages mais réalise aussi un excellent travail sur une scène en plein air hivernale où les flocons tourbillonnent. Il est néanmoins évidemment que l’art de Martin Simmonds n’aura pas l’adhésion de nombreux lecteurs de par son caractère radical.

En terme de scénario, James Tynion IV s’attaque aux théories conspirationnistes en démontant méthodiquement les mécanises mis en place par ces groupes complotistes qui cherchent, via internet ou des rassemblements, à répandre leurs thèses et à tâcher de discréditer celles officielles. Mais en introduisant ce département de la vérité, dirigé par un individu improbable mais finalement bien à sa place, le scénariste instille le doute dans l’esprit de son personnage principal – et du lecteur – quant à la fabrication de la version officielle des événements. La santé mentale de Cole Turner vacille plus d’une fois face à ce qu’il découvre, notamment lorsque son intimité s’invite.

Thriller haletant aux effluves d’espionnage, The Department of truth possède un écriture précise et oppressante qui ne laisse aucun temps mort au lecteur et s’appuie sur des pavés de textes impeccablement traduit par Maxime Le Dain, tout en laissant une légère impression d’un récit un poil bavard. James Tynion IV brouille les pistes tout en démontrant une incroyable maitrise de son histoire. Difficile de ne pas être happer dans cette grande fresque angoissante !

Oppressant, minutieux, implacable, The department of truth entraine le lecteur dans un thriller d’une incroyable maitrise et à la fascinante partie graphique !

 

10
Points forts
Une écriture d'une grande précision et d'une grande maitrise
Une partie graphique complètement folle !
Un récit passionnant et haletant
Points faibles
Parfois un peu bavard