The Dreaming – Tome 1 (VF-Urban Comics)

Sandman - The dreaming - Tome 1
Date de Sortie
11 février 2022
Scénario
Si Spurrier, collectif
Dessin
Bilquis Evely, Abigail Larson, collectif
Couleurs
Matheus Lopes, Quinton Winter
Editeur
Urban Comics
La note de ComicStories
9

L’arrivée sur les écrans de séries TV permet, ces dernières années, aux amoureux de comics de voir sortir des titres qui n’auraient peut-être pas eu leur chance en d’autres circonstances. On pense, par exemple à la Doom Patrol de Grant Morrison. C’est Sandman – The Dreaming qui a, cette fois-ci, cette opportunité et les raisons de se ruer sur la série prévue en deux volumes par Urban Comics sont nombreuses. Les deux principales sont la richesse de l’univers onirique orchestré par Neil Gaiman et la présence de Si Spurrier au scenario ! Une troisième va se révéler au fil de la lecture : la partie graphique de Bilquis Evely et Matheus Lopes !

Trente ans après la fin de la série créée par Neil Gaiman, le Songe, Royaume des rêves est, à nouveau, abandonné par son roi, Daniel. Attaqué de toute part, l’univers est protégé par ses sujets qui tentent de préserver ce qui peut l’être encore. Mais un ancien cauchemar resurgit pour régner sur le Songe, à son façon.

Simon Spurrier reprend les bases de l’univers façonné par Neil Gaiman, qui a imaginé cette nouvelle histoire, pour y imposer sa patte. Les principaux personnages sont de retour, pour le plus grand plaisir des amoureux de Sandman. Lucien, le bibliothécaire qui doit prendre en main la survie du Royaume en l’absence de son roi, Matthew, le corbeau compagnon de Daniel, Mervyn, l’épouvantail fumeur de cigare jamais avare d’une bonne répartie, les frères Abel et Caïn, sont notamment de la partie. Si Spurrier ajoute un nouveau personnage en la personne de Dora, jeune fille peu sûre d’elle, qui ne sait pas vraiment qui elle est et dont l’origine inconnue va jouer un grand rôle dans l’histoire.

Le scénariste débute son histoire avec une forme de clin d’œil à la série originale, en reprenant le postulat d’un Royaume des songes abandonné par son roi puis entraine le lecteur dans une aventure échevelée qui se construit par petits morceaux, édification qu’apprécie Si Spurrier et qui, si elle s’avère exigeante pour le lecteur qui a parfois l’impression d’être un peu perdu, affirme toute l’ambition de The Dreaming ! Exigeants le sont également narration et dialogues, comme de coutume avec le scénariste. Optant pour un ton nettement plus enlevé et décontracté que la série de Neil Gaiman, Si Spurrier soigne ses dialogues en intégrant beaucoup d’humour et une certaine familiarité qui tranche avec ce qu’a fait Gaiman. Une métaphore sociale s’invite également avec une hiérarchisation des sujets du Royaume et une forme de lutte de classes. Comme à son habitude, le scénariste injecte une forte dose d’émotion dans son récit notamment à travers Dora qui, par ses doutes et son parcours, touche particulièrement.

Si le lecteur accepte de s’impliquer pleinement dans sa la lecture, The Dreaming constitue une aventure passionnante !

D’autant que la partie graphique réalisée par Bilquis Evely, exceptionnelle, fait parfaitement honneur à l’imaginaire de l’univers de Sandman. Loin du côté parfois hermétique proposé par certains dessinateurs des histoires de Neil Gaiman, le dessin de l’artiste brésilienne se fait chaleureux, inventif et fourmille de détails ! Respectueuse des designs de personnages, la dessinatrice se fait plaisir dans l’élaboration des décors et dans ses compositions de pages, extrêmement riches et imaginatives. Matheus Lopes vient ajouter ses teintes subtiles pour un résultat très enthousiasmant ! Le temps de deux épisodes, Abigail Larson propose son dessin plus vaporeux et finalement beaucoup plus aride.

The Dreaming demande au lecteur de s’impliquer pleinement. Mais une fois cet engagement accepté, le plaisir de lecture s’avère total tant l’inventivité est partout dans ce premier tome : histoire passionnante et surprenante, partie graphique créative et sublime ! Vivement la suite et fin dans le tome 2 !

9
Points forts
Un univers toujours riche
Simon Spurrier impose sa patte dans le ton et la narration
Une aventure échevelée
Une partie graphique enthousiasmante de Bilquis Evely
Points faibles
Une lecture exigeante qui demande au lecteur de s'impliquer fortement
Le dessin d'Abgail Larson, très aride