Nouvelle série scénarisée par James Tynion IV, The Nice House On The Lake a été teasé depuis de nombreuses semaines par le dessinateur Alvaro Martinez Bueno et aux vues des planches distillées, on était particulièrement excités ! On peut affirmer de suite que l’on n’a pas été déçu, bien au contraire. Ce numéro #1 est l’un des épisodes les plus passionnants que l’on nous ait été donné de lire ces derniers mois ! L’artiste espagnol s’associe à la toujours excellente Jordie Bellaire aux couleurs pour cette partition virtuose !
Walter a décidé de réunir le temps d’un été quelques uns de ses plus vieux amis qu’il n’a pas vus depuis plusieurs années, ayant plus ou moins disparu de la circulation. Il organise alors cette réception au bord d’un lac dans une sublime maison. Les invités répondent pour la plupart favorablement à cette sollicitation un peu singulière.
La première chose qui marque à l’ouverture de ce numéro inaugural est la partie graphique. Par le trait crayeux et épais d’Alvaro Martinez Bueno – dans un style totalement différent de ce qu’il a proposé sur ses précédents travaux – et les couleurs radieuses et vives faites de lignes griffées de Jordie Bellaire, la série fait pénétrer le lecteur dans un univers unique et envoutant. Puis l’histoire entraine à son tour le lecteur dans ce que l’on croit être une sorte de récit horrifique avec des atours post-apocalyptiques. Mais c’eut été trop simple. Le scénariste installe son mystère en révélant les modalités d’organisation de cette réunion pas comme les autres par le biais de pages de SMS ou de mails qui auraient pu paraitre pesantes comme dans de nombreuses séries qui usent de cet artifice à la mode. Bien au contraire, cela se révèle particulièrement efficace et pourvoyeur d’informations importantes en peu de temps et d’espace.
James Tynion IV dresse également sa galerie de personnages atypiques où chacun par son design ou sa façon d’agir intrigue. Le cast semble constitué de personnages possédant un certain niveau de vie et une façon de vivre un peu hors du commun. L’ambiance étrange s’installe grâce à l’architecture des lieux – maison designée à la façon d’un Le Corbusier, lac de montagne splendide – et aux tenues vestimentaires des personnages façon luxe d’été teinté 70’s. Le personnage à l’origine de cette petite fête entre alors en scène et son aura énigmatique ainsi que sa représentation derrière ses lunettes opaques – comme James dans Something is killing the children – en rajoute un couche.
Et alors que l’on pense se diriger vers un conte aux allures des Dix petits nègres d’Agatha Christie, James Tynion IV prend le lecteur totalement à contre pied en l’emportant dans une direction inattendue – que l’on ne révèlera pas – qui procure un plaisir fou quant à son originalité et son potentiel énorme.
La partie graphique qui nous avait régalé avec sa mise en page léchée, ses cases sans contour, son ambiance estivale éclatante, bascule dans le suspense et le surnaturel avec le même éclat. La terreur s’empare des acteurs et le cœur du lecteur s’emballe. Les pages s’affolent, l’horreur et le psychédélique s’entremêlent pour un résultat époustouflant.
Le lecteur se retrouve suspendu aux quatre dernières cases du comic, convaincu d’avoir lu un des meilleurs singles de ces derniers mois ! L’attente sera longue d’ici le numéro #2 mais dans ce genre de situation, la torture participe au plaisir !
Inventif, surprenant, enivrant, génial !