Interview – Thierry Mornet

Amateur de Pop culture, Thierry Mornet, le responsable éditorial de la branche comics de Delcourt évoque en notre compagnie le catalogue qu’il anime et livre son regard, fait de passion et d’expérience, sur l’univers actuel des comics.
Pour ceux qui ne vous connaitraient pas, pouvez-vous nous faire un petit résumé de votre parcours dans l’édition ?

Je suis avant tout un amateur de pop’culture, et cela passe immanquablement par la Bande Dessinée au sens large, quelle que soit sa provenance (BD Franco-Belge, Fumetti, Manga et bien entendu Comics, qui est devenu – par goût et au gré des opportunités – ma “spécialité“ en quelque sorte).
J’ai été biberonné à Strange, Titans, Nova et consorts, mais ai débuté “professionnellement“ en passant par la case Fanzine, en particulier Scarce (qui existe toujours) et L’Inédit. C’est ce qui m’a permis d’être remarqué et contacté à la fin des années 1990 par Panini qui venait de récupérer la licence Marvel. Je me suis occupé – en tant que rédacteur free-lance – de revues telles que Hulk, Marvel Le Magazine ou encore Kaboom ! Parallèlement, j’ai collaboré quelques mois avec Didier Pasamonik qui avait monté son label Bethy, en m’occupant de quelques titres de la collection Mainstream notamment (X-Men, Wolverine, etc.).

J’ai ensuite été contacté par Semic S.A. qui venait de reprendre l’activité de Semic France, la filiale du groupe scandinave éponyme, laquelle avait perdu la licence Marvel au profit de Panini. J’y ai occupé le poste de Rédacteur en chef jusqu’à fin 2004. Cela m’a permis de m’entourer de diverses personnes (rencontrées pour la plupart dans le cadre de Scarce), mais aussi de permettre à quelques jeunes auteurs de faire leurs premières armes, ce dont je reste très heureux et fier. Chez Semic, j’ai animé un catalogue d’achats de droits de comics, publiés d’abord en kiosques, que nous avons fait évoluer vers la librairie (avec la collection Semic Books, notamment).

L’aventure Semic s’est terminée en 2004, dans des conditions pénibles, mais quand je me suis retrouvé libre de tout engagement, j’avais la possibilité de monter ma propre structure éditoriale et d’exploiter mon carnet d’adresses et de contacts aux USA et en Italie. C’est en revanche à ce moment-là que Guy Delcourt m’a contacté et proposé de venir animer son catalogue Comics au sein de sa maison d’édition. Cela remonte à… Seize ans, donc on peut dire que la collaboration s’est plutôt bien déroulée :-).

Depuis 2005, j’anime donc le catalogue Comics des éditions Delcourt principalement orienté vers les titres en “creator-owned“,en l’axant sur quelques auteurs de référence tels que Mike Mignola (Hellboy), Todd McFarlane (Spawn), Terry Moore (SIP, Echo, Cinq ans), Ed Brubaker (Criminal, Velvet), Jeff Smith (Bone), Robert Kirkman (Invincible, Outcast, Oblivion Song), Charlie Adlard (Walking Dead), Will Eisner (Un pacte avec Dieu), Eric Powell (The Goon), etc.

Murder Falcon, Cinq ans et la politique éditoriale de Delcourt

Commençons par l’actualité toute chaude avec deux titres qui nous ont régalés : Murder Falcon et Cinq ans. Des monstres, de l’action et des dessins pleins de fureur pour l’un, des histoires plus intimes, basées sur des personnages qui ont pris vie il y a plusieurs décennies et un sublime noir & blanc pour le second. Ces deux titres symbolisent la variété de vos publications et votre volonté de promouvoir une certaine diversité. J’imagine que c’est toujours l’une de vos ambitions après toutes ces années à la tête de la branche comics de Delcourt ?

Absolument 🙂 ! J’ai travaillé pendant de nombreuses années sur une grosse licence (Star Wars), et ce fut sympa bien que souvent frustrant compte tenu des relations parfois compliquées avec Disney (détenteur de la licence depuis quelques années)… Mais sans commune mesure avec le plaisir que l’on peut prendre à développer des relations avec un auteur, qui produit ses propres titres, y investit son temps et son énergie. Aider un auteur à émerger auprès du public français, que cela soit Eric Powell ou Terry Moore par exemple est très satisfaisant ! Il y a tellement de talents et de créativité en dehors des sempiternels super-héros et des machines à produire Marvel et DC Comics. C’est sans doute plus compliqué de faire connaître un nouveau titre ou un nouvel auteur au public “conditionné“ par des décennies de récits super-héroïques qui ont souvent du mal à se renouveler, mais c’est tellement plus gratifiant quand on y parvient 🙂 . C’est un peu ce qui s’est produit avec Walking Dead, d’ailleurs. Daniel Warren Johnson fait partie de ces auteurs au potentiel tout juste naissant.

Après avoir publié Extremity, vous sortez ce mois-ci Murder Falcon de Daniel Warren Johnson. Qu’est-ce qui vous séduit dans le travail de cet auteur complet (scénario et dessins) ?

Son énergie, sa puissance narrative, le fait qu’il soit parvenu à faire fusionner dans son style des influences issues de la BD franco-belge, des mangas et des comics. Sa capacité également à nous embarquer dans un roller-coaster émotionnel. On s’attache aux personnages qu’il créé.
Bref, qu’il soit un auteur complet ET qu’il soit capable de nous faire ressentir des émotions à la lecture de ses œuvres… Ce qui est la raison majeure pour laquelle on apprécie la BD, finalement, n’est-ce pas ?

De son côté Terry Moore est un « vieux de la veille » au parcours atypique dans le monde de l’édition avec une volonté d’indépendance totale. Pensez-vous qu’un tel parcours soit possible de nos jours ?

Oui, et j’en profite pour dire qu’il y a justement un parallèle entre DWJ et Terry, dans leur manière de faire, et dans leurs qualités d’auteurs. D’une certaine manière, citer Daniel Warren Johnson – un “jeune auteur“ – dans cette réponse est une manière de répondre à la question.

Notons que c’est aussi le choix qu’ont fait Robert Kirkman, mais aussi Eric Powell et quelques autres au catalogue Delcourt Comics, comme Ed Brubaker & Sean Phillips.

D’une manière plus générale, l’émergence d’auteurs capables de vivre – et parfois de très bien vivre – de leur œuvre grâce à Image Comics par exemple, sans pour autant travailler sur des licences Marvel et DC (où ils n’ont aucun droit sur les personnages), permet de penser que des parcours “indépendants“ restent parfaitement possibles de nos jours. Je ne dis pas que cela est aisé, mais c’est sans doute plus facile qu’il y a quelques années.

Qu’est-ce qui vous séduit également dans l’œuvre désormais « fleuve » de Terry Moore ?

J’en parlais plus haut : sa capacité à animer des personnages “réels“, souvent féminins d’ailleurs, sa narration et les émotions qu’il fait passer dans la finesse de son dessin et la sensibilité de ses dialogues et de ses passages silencieux.

Sans parler de l’homme, qui est absolument délicieux !

Ces deux artistes symbolisent aussi une politique d’auteurs indépendants que vous avez mise en place depuis des années. Le public est-il toujours réceptif à cette politique, en allant voir des titres auxquels ils n’auraient peut-être pas jeté un œil mais parce que c’est tel ou tel auteur, il tente le coup ?

Je compte toujours sur la curiosité du lectorat et sur son envie de sortir de sa zone de confort. Sur ce point, on est malheureusement souvent déçu, quelques fois moins 🙂 .

Comme je le disais plus tôt, il est plus difficile d’imposer un personnage, un récit ou un auteur que les lecteurs ne connaissent pas. Sans parler du fait que dans l’esprit d’une majorité du public, Comics reste synonyme de Super-Héros.

Cela reste difficile d’orienter une politique éditoriale en grande majorité vers les auteurs, et non les licences, mais c’est une volonté que je défends depuis des années, de faire passer une autre idée qui me semble importante : les comics se déclinent en quasiment tous les genres et formats, et ne sont pas restreints au simple (simplet ?) super-héros. On y trouve de la SF, de l’horreur, du fantastique, du polar, de la fantasy, etc.

Le catalogue que j’ai le plaisir d’animer est sans doute le plus varié – en termes de genres et d’auteurs de qualité – qui est proposé aux lecteurs français. Et j’en suis particulièrement heureux 🙂 .

Les publications

Vous avez toujours un œil sur les nouveaux éditeurs de l’autre côté de l’atlantique. Des comics Ahoy sont sortis chez Delcourt. Qu’est-ce qui vous a donné envie de publier ces comics ? Une tonalité générale qui traverse leurs séries par exemple ?

J’aime suivre ce qui est publié aux USA, notamment chez les petits labels. On n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise 🙂 .

Quelques séries de chez Ahoy – celles qui sont au catalogue Delcourt ou le seront bientôt – correspondent à notre catalogue. L’Autre Terre (The Wrong Earth) aborde le genre super-héros avec un angle particulier (ce qui est le cas des titres de super-héros au sein de notre catalogue). Captain Ginger est drôle et original… Et Le Retour du Messie (Second Coming) – à paraître en 2021 – est suffisamment iconoclaste pour m’avoir accroché 🙂 .

Ahoy est typiquement le genre d’éditeur – qui en dépit de moyens sans commune mesure avec les grosses structures éditoriales – produit des comics de grande qualité, et originaux. Bref, certains de leurs titres avaient tout pour me plaire 🙂 .

On aurait aussi aimé voir les titres TKO débarquer chez vous, désormais chez Panini. Est-ce que vous y avez pensé ?

J’ai été très tôt en contact avec TKO, mais ils ont commencé par me dire qu’ils n’étaient pas intéressés par la vente de droits à l’étranger. Ils sont ensuite revenus vers nous, mais ils souhaitaient signer un deal global (pour l’intégralité de leurs titres). Cela ne me convenait pas, car je pense que la qualité est inégale dans leur production, et seuls certains titres pouvaient m’intéresser.

Finalement, je suis ravi – pour les lecteurs – que Panini ait trouvé un accord avec TKO. Ce type d’accord, en revanche, ne m’intéressait pas. Pas de regret 🙂 .

Il s’est murmuré un temps que parmi vos publications en intégrale, viendrait Tony Chu. Est-ce toujours d’actualité ?

Ce n’est pas qu’un murmure 🙂 . Oui, Tony Chu – La Gargantuesque Edition reste au programme et arrivera fin 2021. Il a été repoussé une première fois car nous avions trop de titres à publier, et une seconde fois pour cause de CoVid19.

Dans la continuité de Tony Chu, un crossover Chew/Outer Darkness a vu le jour pour trois épisodes au printemps dernier en VO. A-t-on une chance de voir débarquer Outer Darkness en VF malgré l’interruption inattendue de la série ? Même question pour le crossover si Outer Darkness n’est pas publiée.

Cette série limitée constituera un album “hors-série“ de Tony Chu, complétée par le crossover complet Revival / Chew.

Nous envisagions initialement de publier Outer Darkness, mais puisque la série s’est interrompue avant la fin aux USA, nous avons renoncé à la présenter en VF.

Boom! Studios est l’éditeur qui a le vent en poupe actuellement en VO avec de nombreuses séries palpitantes et où les auteurs semblent vouloir aller. Avec votre regard de dénicheur de séries, vous attendiez-vous à ce que cet éditeur monte ainsi et peut-on s’attendre à voir débarquer certaines de leurs productions chez vous dans les mois à venir (en plus de Once & Future) ?

Tant qu’un éditeur de la longévité et de la qualité de Boom ! publie, nous ne sommes jamais à l’abri de bonnes surprises 🙂 . Je suis en contact avec Boom ! depuis leurs toutes premières publications, et nous avons toujours suivi leur production de près. Irrécupérable, Strange Fruit, puis Bone Parish et maintenant Once & Future qui arrive sont quelques exemples de la longévité et de la qualité de ce qu’ils éditent. Nous avons également acquis les droits de Forlklords.

D’autres publications pourraient suivre… Mais je n’annonce jamais un titre tant qu’il n’est pas signé 🙂 .

Stray Bullets est-elle une série qui a trouvé son public ? Peut-on espérer une publication de toute la série ?

Nous sommes en train d’étudier en détails comment la série s’est comportée sur les trois premiers volumes. C’est une série, non pas seulement intéressante, mais absolument sublime, après laquelle je courrais depuis des années. David Lapham est un auteur difficile à implanter, et Stray Bullets – en dépit de ses énormes qualités – n’est pas une série facile à “vendre“. Elle est par ailleurs chère à produire (droits, traduction, lettrage, fabrication…), et se doit – afin d’être rentable – de disposer d’un lectorat suffisant et stable.

J’adorerais annoncer d’ores et déjà qu’il va nous être possible de publier TOUTE la série (qui est toujours en cours de publication aux USA, il faut le signaler), mais à ce stade, je dirais que ce n’est pas nous qui sommes déterminants, mais le nombre de lecteurs qui se doit d’être suffisant. Trois volumes de plusieurs centaines de pages constituent déjà un exploit au sein du paysage actuel, donc attendons de voir comment les choses vont se présenter dans les semaines qui viennent en ce qui concerne le volume 3 sorti récemment.

Terry Moore, Daniel Warren Johnson, Rob Guillory, David Lapham…vous publiez de nombreux artistes qui possèdent les deux casquettes : scénariste et dessinateur. Pensez-vous que cela influence leur travail d’une manière ou d’une autre et êtes-vous sensible à cette caractéristique quand vous vous intéressez à une œuvre, en tant qu’éditeur ?

On peut aisément y ajouter Jeff Smith, Will Eisner et Eric Powell – ou encore Dan Panosian) par exemple. Pour répondre à ta question, c’est en réalité très variable. Certains auteurs complets se suffisent à eux-mêmes. D’autres – excellents dessinateurs – ont besoin d’un scénariste pour s’exprimer pleinement. Prenons un exemple : 

Sean Phillips collabore avec Ed Brubaker, et ils forment une véritable dream team. L’écriture n’est pas forcément le point fort de Sean. En revanche, Brubaker a prouvé qu’il pouvait collaborer avec d’autres (Epting, Martin, Guice, Lark, Perkins, etc.).

En revanche, un auteur complet, lorsqu’il maitrise bien sa narration et ses personnages parvient souvent à un résultat “fusionnel“ qu’il est plus rare de voir au sein d’une équipe artistique constituée de deux personnes ou plus. Donc, oui, je suis sensible à ce que produisent les “auteurs complets“ 🙂 . Et parfois, de bons dessinateurs peuvent s’avérer de piètres scénaristes…

Travail éditorial

Pour dénicher de nouveaux auteurs ou nouvelles séries, misez-vous exclusivement sur les éditeurs papier ou jetez-vous aussi un œil sur le Web Comic ?

Nous avons été parmi les premiers à proposer un catalogue comics aussi vaste au format numérique, grâce à un accord signé très tôt avec ComiXology (avant même leur rachat par Amazon). Nous nous sommes très vite intéressés à cela. À titre personnel, je participe à de nombreux financements participatifs de projets qui naissent sur le net. Les WebComics (un terme que j’associe à une création initialement réalisée spécifiquement pour être lue sur un support numérique) sont également intéressants, mais la plupart ne sont pas au niveau ou ne correspondent pas à notre ligne éditoriale. Mais je regarde ces créations également.

En termes de format d’édition, qu’est-ce qui dicte le choix du format ? Par exemple, le format est souple pour Stray Bullets ou les œuvres de Terry Moore alors que la majorité de vos publications est en dur ? Pourquoi ?

La pagination, le contenu, la longueur de la série ou encore le fait qu’elle soit en N&B et non en couleurs, sont autant de facteurs qui nous orientent vers tel ou tel format d’impression. L’œuvre de Will Eisner, celle de Terry Moore ou Stray Bullets de David Lapham correspondaient bien à ce format appelé Integra.

Après un début de publication inachevée il y a plusieurs années chez un autre éditeur, Stray Bullets bénéficie enfin d’une édition digne de sa qualité grâce à vous. On se demande comment ce chef d’œuvre a pu ne pas voir le jour en VF avant ces deux dernières années. Cela a constitué un titre difficile à acquérir et à produire ?

Stray Bullets a fait l’objet de deux tentatives de publication en VF, il y a plusieurs… décennies. La démarche d’acquisition des droits de cette série a été en effet longue (plusieurs années !), principalement par manque de réactivité de l’auteur et des ayant-droits. Je suis très heureux finalement d’avoir acquis les droits de cette série.

La production en tant que telle est “classique“ (il est nécessaire de trouver les bons traducteurs / trices pour un tel opus), mais la phase de relecture a été également longue et pointue 🙂 .

Stray Bullets transcende le genre polar avec un noir & blanc sublime et des personnages traumatisés par l’existence. Dans le genre, on n’est pas loin de la perfection, non ?

Stray Bullets est un chef d’œuvre que je rêvais d’éditer depuis des années, tout comme les séries de Terry Moore. Au moins, je pourrais dire : ça, c’est fait 🙂 .

Le succès commercial n’est malheureusement pas toujours au rendez-vous pour des auteurs aussi puissants et singuliers que ces deux-là, pour ne citer qu’eux.

Dans le registre polar poisseux, je ne pense pas que l’on fasse aussi bien que Lapham. Brubaker & Phillips proposent une œuvre également pas éloignée de la perfection à mon avis (mais qu’est-ce en réalité que la perfection en BD, notamment, quand le principe est que le lecteur trouve une œuvre à son goût ?).

L’évolution du marché de comics US

Le marché US est en totale transformation avec comme acteur majeur dans cette évolution DC Comics. L’éditeur a rompu son exclusivité avec Diamond impactant les comicshops, et a annoncé des orientations qui laissent penser à un abandon progressif du format single, une orientation plus numérique et une réduction de ses productions recentrées sur les grosses franchises. Quel regard portez-vous sur cette évolution et craignez-vous que cela impacte tout le secteur, y compris le comics indés avec lequel vous travaillez ?

La rupture du contrat de DC Comics avec Diamond a fait du bruit et a polarisé cette question, mais il n’y a pas que cela. D’une manière générale, la structure éditoriale elle-même est en est en cours de modification et d’évolution depuis des années. Je pense que l’on va sans doute vers moins de comics (“singles“) peut-être au profit du numérique, tandis que les recueils (TPBs ou Hardcovers) vont en quelque sorte s’imposer comme la nouvelle norme (un peu à la manière dont les albums ont remplacé la prépublication en magazine et en presse en France).

Je pense que l’éditeur qui sort grand gagnant de cette évolution ces dernières années est Image Comics, ainsi que quelques auteurs qui ont choisi de publier chez eux, en conservant leurs droits.

Je pense que les structures éditoriales aux USA – quelles qu’elles soient – vont devoir s’adapter, faire preuve de souplesse, dans les mois qui viennent, car les modifications de la distribution (Diamond affaibli, des libraires de comics qui vont disparaître à cause de la CoVid, etc.) risquent d’être profondes et durables.

Le monde des comics a connu des soubresauts avec des révélations sur les agissements gênants de certains auteurs. On pense par exemple à Warren Ellis. Est-ce qu’en tant qu’éditeur, cela vous pose question et peut modifier votre politique d’édition de ces auteurs ?

Tout d’abord, s’ils sont avérés, les agissements en question – qui sont dénoncés depuis quelques mois – sont totalement répréhensibles. Nous devrions TOUS (éditeurs, lecteurs, rédacteurs, etc.) être concernés et touchés par ces questions de société et de comportements inacceptables et indignes.

Plus encore que notre “politique d’édition“ qui bien entendu risque d’être évidemment impactée, les lecteurs ont un choix à faire en acceptant ou pas de soutenir le travail d’une personne au comportement répréhensible avéré (je précise toujours avéré, car il convient de ne jamais oublier le principe de présomption d’innocence, souvent oublié par les “tribunaux des réseaux sociaux“).

Sorties 2021

Peut-on avoir quelques idées de ce que vous allez sortir en 2021 ?

Oui, même si je ne vais pas tout dévoiler 🙂  !

Nos grands lancements de début d’année sont la série Undiscovered Country de Scott Snyder, Charles Soule & Giuseppe Camuncoli, et un superbe récit complet, FolkLords de Matt Kindt & Matthew Smith. Suivront Marqués de Hine & Haberlin et Le Retour du Messie (Second Coming) de Mark Russell & Richard Pace + Tom Derenick

Pour finir, à titre personnel, que lisez-vous en ce moment comme comics (ou autre si vous avez une œuvre qui vous a marqué récemment) ?

Allez, une « petite » short-list de comics pour commencer 🙂 .

Immortal Hulk, Daredevil en ce qui concerne l’univers Marvel.

StillWater (Zdarsky & Pérez), une super série à venir chez Skybound !

Fire Power, la nouveauté de Robert Kirkman & Chris Samnee

Monster de Barry Windsor Smith (probablement ma dernière GROSSE claque de lecture en date)

– Le superbe et passionannant Once & Future de Kieron Gillen & Dan Mora

Sonata de David Hine & Brian Haberlin

Stray Bullets de David Lapham que je continue à suivre à chaque publication !

Wonder Woman par DWJ (Black Label)… Principalement pour le travail de Daniel, plus que pour le personnage de DC.

Spawn… Qui après plus de 300 numéros continue à me passionner, en dépit de hauts et de bas.

That Texas Blood de Chris Condon & Jacob Phillips

Manifest Destiny, qui ne marche malheureusement pas en VF, alors qu’il s’agit de l’une des plus intelligentes et inventives séries produite ces dernières années !

– Et des tas de choses, dès lors qu’elles sont produites par des auteurs que j’apprécie 🙂 .

 

En termes de romans, je dois avouer ne pas avoir suffisamment de temps pour me plonger dans ceux que je souhaiterais lire. Mais généralement, en vacances, quelques polars (Fred Vargas, des auteurs scandinaves (Mankell)), et j’ai plusieurs Peter May qui m’attendent. J’aimerais avoir le temps de relire quelques Keith Ablow aussi…

Je consomme pas mal de séries TV aussi… et cela prend du temps 🙂 .

Merci à Thierry Mornet pour sa disponibilité et sa gentillesse !