Generation Zero (VF – Bliss Comics)

Bliss comics sort ce mois-ci Génération Zéro, la nouvelle mini-série en 9 épisodes de Fred Van Lente, auteur des excellents Archer & Armstrong et Ivar Timewalker, tout deux parus l’an passé sous forme d’intégrales mémorables.

Le scénariste reprend les jeunes psiotiques kidnappés par le Projet Rising Spirit dans le non moins mémorable Harbinger et qui depuis se sont libérés. Désormais indépendants et en fuite, ils ont décidé de défendre des adolescents en difficulté, se faisant appeler Génération Zéro.

Keisha Sherman, une adolescente qui vient de perdre son petit ami dans des conditions mystérieuses, fait appel à eux. Les psiotiques prodiges vont débarquer à Rook, cité devenue la ville la plus High-Tech du pays, afin de résoudre ce mystère mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises.

Fred Van Lente ancre son intrigue dans un univers de science-fiction ayant pour cadre cette ville High-Tech dirigé par un maire qui, aidé de la police, tente d’éviter toute remise en question du bon fonctionnement de sa cité. L’enquête menée par Generation Zero va venir chambouler ce quotidien dont tout le monde, ou presque, se satisfait.

Fred Van Lente propose un récit auto-contenu, riche en rebondissements et en idées originales dont il a le secret, tout en bâtissant une caractérisation consistante de ses personnages, à commencer par le groupe Génération zéro.

Le scénariste use avec malice des pouvoirs de ces psiotiques, inventant ou réutilisant des concepts extravagants. Gamète le super-fœtus est, par ses agissements, source de situations à la fois drôles et déstabilisantes et son pouvoir de faire passer des consciences dans l’esprit de quelqu’un d’autre va créer des séquences à la fois graphiquement et scénaristiquement assez folles. Le détachement permanent des jumeaux Zygos crée une ironie parfaite. Les pouvoirs d’Animalia par leur représentation graphique cartoony et colorée de façon brute contrastant avec les dessins plus classiques apportent une vraie touche originale. L’utilisation de ces pouvoirs joue un rôle primordial dans le déroulement de l’intrigue.

Van Lente s’intéresse à différentes thématiques, en particulier aux difficultés des ados avec l’autorité parentale en introduisant deux couples père/fille assez différents mais où dans les deux cas, les pères élèvent leurs enfants seul. Keisha, à l’origine de la venue de Génération Zéro, semble avoir vécu des choses difficiles et se retrouve face à son père qui fait tout pour la protéger tout en étant empêtrer dans son rôle de chef de la police qui s’oppose aux psiotiques. Adèle, la fille du maire, enfant gâtée, se rebelle car elle n’obtient pas ce qu’elle veut de son père qui imagine qu’il aura la paix en contentant sa fille. Van Lente réussit bien à croquer ces deux relations.

Le scénariste arrive à donner une réelle épaisseur à tous ses personnages grâce à des interactions qui sonnent toujours justes. Il sait les rendre attachants. Petit bémol, le « trio amoureux » Telic/Cronus/Keisha m’a paru se mettre en place un peu facilement et n’est finalement pas essentiel au récit.

Le concept de science-fiction des anglistes est assez original et leur représentation graphique plutôt cocasse. La séquence dans la tour avec ses idées graphiques apporte également une richesse supplémentaire à l’histoire de par les explications qu’elle fournit. Le rôle de la police/milice est nettement plus classique mais il est bien mené et donne l’occasion de quelques belles bastons.

Les dialogues sont finement ciselés et Van Lente place toujours son humour efficace.

En termes de rythme, le scénariste sait y faire en mettant en place dès le premier épisode les pièces de son étrange puzzle puis en ne relâchant jamais la tension. Les scènes d’action sont hyper efficaces et s’intègrent bien dans le récit. La narration est fluide et les dialogues réalistes. Seule la fin m’a paru un peu rapide et facile.

Graphiquement, c’est du comics classique mais de haute qualité. Les découpages restent assez sages mais les dessins sont précis et inventifs. Les idées de Van Lente sont remarquablement retranscrites pas les dessinateurs et l’idée de faire appel à un artiste au style nettement plus cartonny pour les séquences dans les esprits s’avère payante.

 

L’édition de Bliss est comme toujours très belle avec des bonus (Couvertures, crayonnés, planches encrées) et un chapitrage.

Génération Zéro est un récit de qualité construit sur de bonnes idées auxquels Fred Van Lente nous a désormais habitués. Des dessins irréprochables, des personnages travaillés et un humour qui fait mouche, que demander de plus ? Si l’on veut être pointilleux, on aurait aimé une fin un peu moins convenue.  

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