Generations (1/4) (VF – Panini Comics)

Il ne suffisait pas d’un événement à la fois. Car débarque dès ce mois de mars le roman fleuve Generations, ode non dissimulée aux figures passées. Ou plutôt à la rencontre des interprétations, récentes et historiques, celle, et la seule apparemment, établie dans l’esprit des lecteurs. Comme un avant gout sans parfum « pour l’occasion les plus célèbres héros et héroïnes Marvel accompagnés par leurs jeunes héritiers sont réunis », une ligne mince résume tout. 

Dans cet exercice inattendu, il n’y a que l’expérience d’une vision qui triomphe. Aaron, en envoyant dans le passé Thor Foster (le reliquat narratif est identique sur chaque numéro), rencontrer Thor Prince d’Asgard, armé de sa fougue et de sa hache. Le contexte est connu et rappelé, 2012 dans la série Uncanny Avengers de Rick Remender. Pour des numéros emprunts de continuité, les références aux illustres sont bien rares ailleurs. Ensuite, quelle est la véritable leçon tirée de ce clap temporel saugrenu et inexpliqué ? Quasi nulle, excepté encore, une fois, sous la plume d’Aaron. Si l’on reproche tant « à ces jeunes héritiers », l’enseignement est de rigueur.

Sur Jean Grey, le questionnement de l’héroïne mobilise et immobilise tout le numéro. Passé outre le bric à brac du voyage et des versions rencontrées incohérent, Young Jean Grey ne trouvera aucune réponse à ses questions auprès de sa dingue de future passée d’elle même. Le seul enjeu avorté des pages se concentre sur une révélation impossible à assumer par l’auteur, surtout dans un one-shot inexistant. Très avare en raisonnement sensé, Bunn ne l’est plus. Les pensées suffoquent et il suffit . Tout cet amas interne amorce un désintérêt profond.

Pak non plus, ne trouve pas les mots justes. Le numéro accumule une succession de redites maladives, des origines de Banner, des smash pages inutiles, et le conflit cher à Stevenson. L’essai sur Hulk n’est pas concluant, encore une fois Cho n’en ressort pas grandi, ni son aîné d’ailleurs. Aaron inverse les polarités. Le Prince d’Asgard sera celui qui reçoit, Foster celle qui dispense dans un astucieux jeu des miroirs. Jason Aaron est bien le seul bouc émissaire des générations. Même si le choix du Thor King of Asgard, tel dépeint dans God of Thunder #25 aurait pu être tout aussi pertinent. Il s’évite ainsi une seconde leçon, déjà écrite par Waid dans ANAD Avengers #15. 

La poignée de main se tend entre les personnages, avec le lectorat et entre les lecteurs. La reconcilliation attendue est autant fictionnelle que bien réelle. Une série pour les réunir tous, les incarner et les célébrer. Le propos sous-jacent de Generations n’est pas limité à la simple altercation chronologique. Il faut voir plus loin, ou plutôt plus lointain ; quand les héros étaient ce qu’ils incarnaient de mieux ; pour les emmener vers ce qu’ils seront de meilleur. Et on se rend compte de l’erreur commise. Les figures ne sont pas sublimes. Leur état ne nous rappelle rien. 

Il n’y a aucune substance à aspirer de ces numéros. A moins que l’idée soit toute autre ; que le partage et la réunion n’en soient pas le centre. Generations est relégué à une condition d’aventure détachée en duo, croustillante ou trop salé. Si c’est le choix, une seule question persiste, pourquoi s’autoriser une telle manœuvre ?  On comprend que Generations doit proposer plus, se souvenir et promettre. Encore une fois, les similitudes des séquences, entre la fiction et le statut de Marvel apparaissent. Mais pour l’instant, personne n’est convaincu. En donnant tort au « c’était mieux avant » comme au « vivre avec son temps », Generations verrouille ce que sera Marvel. Une déception alors que tout est là, écrit, illustré. Il ne reste qu’une idée sur un bout de papier, et un kiosque à la couverture très reluisante. 

En Vert et contre tous, à Thor et sans raison, Generations n’est la renaissance que de nos bourses plumées. A vouloir se plier aux vobulations des rapaces et des grognards passéistes, Generations n’est pas le mélange du neuf et du reste. Les personnages ne tirent pas de leçon. Ces numéros ne sont même pas généreux, quelque soit le lectorat, expérimenté ou jeune arrivé. Forcément, seul Aaron a une arrière pensée brûlante, bâtie sur un travail de fond phénoménal et qui promet avec peu. Pour les deux autres, ils se perdront dans un naufrage de plus, comme un prochain vestige d’une époque. Generations confirme une seule vérité : le temps est la seule variable constante vers l’excellence, Aaron en est l’exemple parfait. 

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