Après l’énorme coup de cœur du tome 1, nous revoici plongés dans la folie noire du Los Angeles de David Lapham au début des années 80.
On retrouve Beth et Amy qui tentent de survivre au milieu d’une faune hétéroclite et plus perverse ou dangereuse que jamais. David Lapham poursuit sa construction déstructurée de son récit tel un puzzle, qu’il n’est pas toujours facile de reconstituer, tant les personnages sont multiples et les époques diverses. Une composante toujours présente est la noirceur du monde qu’il nous décrit. Les individus sont pervers, dangereux, manipulateurs. Les enfants, ballottés au cœur de cette machine infernale qui les broie, s’en trouvent impitoyablement perturbés.
Les personnages sont en quête d’un amour impossible et se livrent à des actions désespérées. Abandonnés, trahis, malmenés, ils se font souffrir les uns les autres, sans qu’il n’y ait d’issue possible. Amy tente de vivre tant bien que mal en se rêvant une autre vie et consignant dans un journal ses pensées. Elle s’attache à un petit voisin, Bobby, qu’elle va mener vers l’enfer. David Lapham livre un dernier acte totalement glauque, d’une dureté incroyable qui fait passer la série dans une dimension supérieure.
L’artiste multiplie les genres et les points de vue. Passant du polar le plus sombre au vaudeville bondissant en passant par le thriller psychologique ou l’aventure futuriste, il offre une variété qui stimule le lecteur. L’humour n’est pas absent mais il se fait jour pour mettre en avant le grotesque des situations.
Le charme de Stray Bullets se trouve également dans le noir & blanc maîtrisé de David Lapham. Les compositions en gaufriers 2 par 4, les trognes des personnages, les décors immersifs, les cadrages et le jeu sur les ombres sont tout simplement parfaits. La série ne serait sans doute pas la même sans ce parti pris graphique.
