Depuis 6 mois que l’on vous vante les qualités d’American Carnage et à un moment où Vertigo semble être à son plus bas niveau de création, il est temps d’aborder un peu plus en profondeur cette série d’une flippante actualité.
Richard, un ancien du FBI, a infiltré un groupe de suprémacistes à la demande de Sheila, une collègue toujours en fonction et dont le partenaire a été exécuté, vraisemblablement par un membre de ce groupe. Mais Richard se trouve pris au piège de ces individus plus malins qu’il n’y parait et noue des relations ambiguës avec Jennifer, la fille du dirigeant du groupe, lui-même candidat au sénat américain.
Bryan Hill réussit le tour de force de créer un thriller qui colle parfaitement à l’actualité en en donnant une représentation qui semble totalement juste. En témoigne le discours d’ouverture de cet épisode tenu par le dirigeant du groupe suprémaciste, glaçant de réalisme.
Les ressorts du thriller d’infiltration sont classiques. Bryan Hill mise tout sur la tension installée et l’escalade de violence et de terreur qu’il instaure. Les personnages sont développés mais pas outre mesure. L’ambiguïté de Jennifer vis à vis des idées de son père et le double-jeu qu’elle semble mener avec Richard en font un des personnages les plus forts de la série.

Les tensions qui tiraillent Richard, entre volonté de justice et crainte d’être pris au piège et de commettre l’irréparable, sont bien décrites par le scénariste. L’on vibre au fil des événements qui rythment sa destinée. L’épisode #6 est clairement un tournant de ce point de vue et devrait faire basculer la série. Les dessous de la politique, avec chantage, corruption et autres manigances sont également évoqués sans filtre. La frontière entre moyens légaux et méthodes expéditives est toujours tenue.
La trame de l’histoire est toujours claire et les cliffhangers toujours percutants. Bryan Hill sait écrire pour le format single !
Les dessins de Leandro Fernandez, avec Dean White aux couleurs, sont tout simplement parfaits pour cette ambiance de thriller politique. Son trait, faussement simple, se pare d’une mise en page qui impacte le lecteur. Son travail sur les ombres provoque une atmosphère angoissante.
