Deux ans ! Il aura fallu attendre deux ans pour avoir la suite d’Animal Man par Grant Morrison ! Le book one a été un énorme coup de cœur et la série, fidèle à sa réputation d’indispensable. Pour ce book two, le scénariste écossais est toujours épaulé pour l’essentiel de Chaz Truog, Doug Hazlewood et Tatjana Wood.
Si Grant Morrison poursuit dans un premier temps à proposer des épisodes sur la cause animale ou faisant s’opposer Animal Man à des vilains de l’univers DC, il bascule rapidement à la fois dans une intrigue au long cours en semant de multiples pistes qui titillent le lecteur et en s’attaquant aux « origines » du personnage. Lors d’un duo d’épisodes totalement hallucinés, scénaristiquement et graphiquement, il définit des liens quasi mystiques avec le monde animal. Puis Grant Morrison s’envole dans un arc digne d’un véritable polar dont les graines ont été semées de nombreux épisodes avant, offrant au lecteur le plaisir jouissif de voir un scénariste qui a construit son run sur la durée. Victime d’un drame personnel, Animal Man va partir en chasse pour se venger puis remonter le temps pour revenir à la situation initiale. Habile dans sa construction et passionnant à lire, cet arc – qui est en fait l’aboutissement de tous les ingrédients distillés depuis l’épisode #14 – est un véritable page-turner.
L’écossais entame alors la dernière partie de son run en s’engageant dans un commentaire méta dense et long sur liens entre les personnages de comics et leurs scénaristes. D’abord en évoquant la la première crisis DC qui permet à Morrison de mettre les personnages face à ce qu’ils ont en réalité et leur existence au travers des lecteurs. Puis Animal Man chemine dans les limbes où se trouvent les personnages qui ne sont plus utilisés par les auteurs pour quelques scènes savoureuses, notamment avec les Inferior Five – que Jeff Lemire n’a pas réussi à rendre intéressants dans une mini récente. Enfin, Morrison se met lui-même en scène face à son personnage dans un dernier épisode époustouflant d’idées et de maitrise. Les commentaires sur la création, le rôle et l’existence des personnages, la vie des héros dictées par les écrivains sont tout simplement géniaux. Une conclusion sublime pour une série indispensable !
Graphiquement, si les designs font leur âge, le story-telling, les idées de mise en page, la régularité du trait de Chaz Truog sont impressionnants. Les couleurs de Tatjana Wood ont plutôt bien passé l’épreuve du temps et s’intègrent parfaitement au dessin de Truog.
Pour parachever l’ensemble, les sublimes covers réalisées par Brian Bolland, inscrites dans l’imaginaire collectif des lecteurs de comics sont des bijoux intemporels.
L’édition sous forme d’un Hard Cover proposé par DC Comics est, une nouvelle fois, très belle même si l’on regrettera le remplacement du papier glacé du Book one pour un papier mat et une augmentation de prix de 5$ pour une pagination identique.
Espérons pour les lecteurs VF qu’Urban Comics ait la bonne idée de se lancer un jour dans la publication de cette merveille !