Depuis l’excellent numéro #1, la série Criminal n’a jamais baissé de niveau. Après plusieurs arcs courts, la dream-team du polar – Brubaker et Phillips, père et fils – s’est lancée depuis l’épisode #5 dans un arc dont le présent épisode est la sixième partie.
Jane, une femme séduisante et mystérieuse, s’est immiscée dans la vie de Teeg Lawless au point de lui faire tourner la tête et de multiplier les actes crapuleux. Depuis, son attitude ne cesse d’intriguer les proches de Teeg, en particulier son fils Ricky. Dan Farraday, un détective qui recherche Jane, est sur le point d’atteindre son but. Il va recevoir une aide inattendue.
Les épisodes précédents qui pouvaient, par moments, sembler déconnectés commencent à prendre tout leur sens dans ce numéro #10. Les relations tendues entre Ricky et son père, ainsi que celles, ambiguës, entre Ricky et Jane mènent ici à un cliffhanger de tous les dangers pour l’ensemble du groupe.
Ed Brubaker maitrise toujours excellemment la narration de son histoire. La description minutieuse des errements et des combines de chacun montre la maitrise parfaite des codes du polar. La violence – physique et morale -, le sentiment d’abandon , la trahison sont des caractéristiques profondes des personnages. Les protagonistes de Brubaker ont peu de foi et de loyauté et vivent dans un environnement dangereux et peu fiable. A la lecture, on pense aux maitres du roman policier hardboiled, de Dashiell Hammett à Raymond Chandler.
Les dessins de Sean Phillips sont toujours aussi remarquables d’évocation de cet environnement crasseux. La beauté fatale de Jane, l’attitude à la fois assurée et craintive de Ricky et le caractère sans scrupules et halluciné de Teeg se traduisent parfaitement dans les personnages dessinés par l’artiste. Si Sean Phillips a toujours eu des coloristes de talent comme Dave Stewart ou Elizabeth Breitweiser, son fils Jacob Phillips entre aisément dans cette catégorie. La palette de couleurs choisies ainsi que ses coups de pinceaux tapissant les cases sont sublimes et originaux. Encore et toujours, la partie graphique est un régal !