Des runs mythiques, le personnage de Daredevil en compte un paquet ! Miller, Nocenti, Bendis, Brubaker, Waid…Charles Soule reste en marge de cette liste tant il n’a pas su emmener le Diable de Hell’s Kitchen dans des contrées palpitantes et intéressantes. Peu de lecteurs garderont un souvenir fort de son run. La reprise en main se fait par Chip Zdarsky, repéré dans un premier temps pour son humour mais qui a produit un run sur Spectacular Spider-Man qui a montré que le monsieur savait aussi écrire une série au long court avec des vrais morceaux d’épique dedans !
Matt Murdock se remet difficilement de son accident survenu dans Man Without Fear de Jed MacKay. Lors d’une de ses interventions dans le quartier de Hell’s Kitchen, l’affrontement avec une bande de voyous tourne mal et l’un d’entre eux décède. Pendant ce temps, un nouveau flic arrive, North Cole, bien décidé à faire le ménage dans Hell’s Kitchen.
Dès les premières pages, on se dit que Chip Zdarsky a passé du temps à lire tous les runs précités tant l’ambiance proposée rappelle les grandes heures du titre et tant les piliers qui font la richesse de l’univers de Daredevil sont présents : le justicier, le séducteur, la culpabilité chrétienne, les doutes, les rues malfamées de Hell’s Kitchen, Foggy, la perversité du Caïd, la relation avec son père, la remise en questions des autres héros. Le temps d’un premier arc coup de poing, tous ces éléments se mettent en place de façon très organique. Chip Zdarsky propose un rythme d’écriture totalement addictif, posant les pièces de son puzzle petit à petit, alternant présent et passé. Les personnages sont caractérisés de façon impeccable. Le scénariste crée l’inspecteur North qui dégage une vraie personnalité et suffisamment d’ambiguïté pour susciter un intérêt fort de la part du lecteur.
Chip Zdarsky a la volonté d’imposer des scènes qui vont rester dans les mémoires. La scène du duel à coups de poings dans les rues de Hell’s Kitchen entre North et Daredevil ou la scène finale de dialogue avec Spider-man marquent les esprits.
Le scénariste développe également tout au long des cinq épisodes une réflexion sur le rôle de justicier. La position du justicier est-elle légitime ? Quelles limites se fixe-t-on pour rendre la justice ? La violence extrême est-elle permise et avec quelles conséquences ? Toutes ces pistes sont explorées en parallèle de l’histoire globale.
Enfin, les runs les plus marquants sur le personnage ne se sont jamais faits sans un dessinateur de haut niveau. Marco Checchetto est de ceux-là ! Ses planches sont d’un rare beauté. La précision de son trait mêlé à une volonté de créer des décors étoffés, dans une mise en scène ultra efficace, fait merveille. Les poses iconiques se multiplient et les scènes d’action bénéficient d’une incroyable dynamisme. N’oublions pas également les sublimes couleurs de Sunny Gho qui renforcent cette ambiance à la fois sombre et lumineuse.
Des runs mythiques, le personnage de Daredevil en compte un paquet ! Miller, Nocenti, Bendis, Brubaker, Waid…et Zdarsky ? Sans doute, aux vues de ces débuts. A coup sûr, après les 20 premiers épisodes que l’on suit en VO.