Chip Zdarsky nous a redonné foi en Daredevil à l’occasion d’un premier tome exceptionnel et après un run de Charles Soule que l’on qualifiera pudiquement de faiblard. Avec un retour aux ambiances initiées par le duo Bendis-Brubaker, sublimé par Marco Checchetto, les premiers épisodes de Chip Zdarsky ont marqué par la compréhension totale du personnage par le scénariste. Pour ce deuxième tome, deux nouveaux artistes interviennent : l’indien Lalit Kumar Sharma et l’espagnol Jorge Fornes.
Daredevil n’est plus et Matt entend bien reprendre une vie plus « normale » tout en tâchant toujours d’aider les autres en endossant le rôle d’agent de libération conditionnelle. Mais il est bien entendu hors de question pour Zdarsky de laisser son héros tranquille. Le scénariste installe de nombreuses intrigues sur plusieurs plans. Tout d’abord, en s’appuyant sur l’incident survenu lors des premiers épisodes, il livre un Matt Murdock rongé par la culpabilité, ébranlant sa foi. Mais Zdarsky met aussi en scène le Matt séducteur en introduisant Lizzy, un nouveau personnage féminin intéressant, bien caractérisé et pourvoyeur d’ennuis pour le héros. En parallèle, le scénariste poursuit l’évolution de l’inspecteur North Cole, flic intègre qui découvre la corruption généralisée de son commissariat. A travers lui, le lecteur suit un vrai polar mafieux dans sa lutte avec ses collègues à la solde du Hibou. Zdarsky tisse en toile de fond l’évolution de la criminalité en changeant – en apparence ? – le statu quo du Caid.
Tous ces événements se font par le biais de quelques scènes époustouflantes de maitrise, bénéficiant d’un rythme haletant et de dialogues ciselés. Que cela soit la rencontre du Caid avec un sénateur ou le diner dans la famille de Lizzy, le lecteur est captivé par l’écriture du scénariste canadien.
L’ensemble forme un récit très dense, riche et passionnant !
Côté dessins, l’italien Marco Checchetto si impressionnant sur les premiers épisodes laisse la place à Lalit Kumar Sharma qui malheureusement ne propose pas une partie graphique convaincante. Si son trait indé est efficace sur des scènes statiques, le caractère maladroit de ses mouvements de personnages et ses visages ainsi que ses silhouettes d’une grande irrégularité sont rédhibitoires. Fort heureusement, Jorge Fornes réalise le dernier épisode dans un style très Mazzuchellien, colorisé par une Jordie Bellaire toujours en grande forme.