Après des démêlés avec un bar new-yorkais qui produit des comics portant le même nom que leur série Dead Rabbit, Gerry Duggan et John McCrea reviennent quelques mois plus tard avec la même série renommée Dead Eyes. L’occasion, pour ceux qui avaient raté ces débuts, de découvrir cette nouvelle histoire du scénariste qui a façonné, avec plus ou moins de réussite, l’univers cosmique Marvel des derniers mois.
Dead Eyes est un criminel des années 90 qui dérobait le magot d’individus ayant obtenu leur butin de façon peu scrupuleuse. Après avoir dérobé 12 millions de dollars à la mafia, l’homme s’est rangé des voitures. On le retrouve, quelques décennies plus tard, vivant avec sa femme handicapée et travaillant comme le péquin moyen dans un supermarché. Mais son quotidien bascule quand un client louche tente d’acheter du matériel laissant penser qu’il souhaite se débarrasser d’un cadavre.
Gerry Duggan installe une série qui s’annonce à la fois sombre et pleine de dérision, comme en témoignent les premières pages où alternent le portrait assez violent du justicier et sa présentation dans une scène intime qui désacralise le personnage. L’attachement du lecteur en est immédiat. L’ultra violence et la détermination associées aux faiblesses de l’homme moyen du quotidien crée l’intérêt.
La construction de l’épisode est efficace avec une introduction rapide du personnage puis l’exposition des enjeux. Aucun temps mort, aucun temps faible. Le cliffhanger invite furieusement le lecteur à aller voir la suite.
Aux dessins, John McCrea, connu essentiellement pour la série Hitman avec Garth Ennis, réalise un travail totalement adapté au scénario. Aussi à l’aise dans les scènes d’action que dans les scènes plus intimes, il propose une mise en page ultra efficace avec des cadrages assez cinématographiques. Mike Spicer choisit des couleurs assez subtiles qui conviennent parfaitement aux tons des différentes scènes.