Deathstroke Rebirth se poursuit après un tome 1 très efficace et à la narration si particulière de Chritopher Priest. Après avoir affronté Batman & Robin, mis un contrat sur la tête de sa propre fille Rose et s’être mêlé des affaires internes d’un pays africain, Deathstroke – Wilson Slade – va se frotter à Superman avec des conséquences importantes pour la suite.
S’il choisit une narration moins déstructurée que dans le tome 1, Christopher Priest poursuit sa série en alliant deux aspects : l’exploration des relations familiales compliquées de Deathstroke et l’action, au travers son activité peu reluisante de justicier.
En termes d’action, Christopher Priest mêle habilement les ambiances d’espionnage et de conspiration, mâtinés de combats de type super-héroïque. L’arc avec Superman, seul super-héros sans doute capable de rivaliser avec Deathstroke, met en valeur les visions différentes des deux personnages. Superman reste en phase avec ses convictions, ne succombant jamais à une forme de corruption. A l’opposé, Deathstroke conserve sa vision de la justice et de l’honneur, ce qui le perd.
Tous ces événements s’entremêlent avec les relations familiales de Deathstroke. Ses conflits avec son fils Joseph, sa fille Rose et son ex Adeline nourrissent la série. Cette dernière est à l’origine de ses mésaventures avec Superman et cherche par tous les moyens à le faire tomber. Ses enfants cherchent à construire leur existence malgré leur père qui interfère, plus ou moins volontairement. La description de l’incapacité de Wilson Slade à communiquer avec ses enfants est très bien mise en scène par Christopher Priest. Cela constitue une large partie de la série, lui confère une épaisseur supplémentaire particulièrement agréable et offre un équilibre d’écriture parfait.
Le scénariste construit son récit en insérant des flash backs ultra efficaces qui permettent de fournir des informations sur les personnages. Il multiplie les sous intrigues qu’il insère dans son intrigue générale. Rien n’est là par hasard, tout a ou aura une importance. La densité de la série en est renforcée.
Néanmoins, le deuxième arc, intitulé « Quatre Pièces », qui revient essentiellement sur une action de Deathstroke dans les Balkans, est un peu poussif malgré sa courte durée (deux épisodes). Les dessins de Cary Nord n’étant peut-être pas étrangers à cette impression. Son encrage très brouillon offre un rendu peu agréable malgré de bonnes compostions. Le contraste avec les dessins d’un des deux dessinateurs habituels, Carlos Pugalayan, ultra propres et précis, renforce ce mauvais gout.
L’ultime épisode qui semble déconnecté – mais qui prépare la suite – est dessiné par Denys Cowan et encré par Bill Sienkiewicz, pose une ambiance de polar crasseux qui convient bien aux artistes.
C’est un peu, au final, ce qui ressort de cette fin de tome : une grosse introduction pour le tome 3, abaissant un peu l’enthousiasme global.