Decorum – Tome 1 (VF-Urban Comics)

Decorum - Tome 1
Date de Sortie
12 mars 2021
Scénario
Jonathan Hickman
Dessins & couleurs
Mike Huddleston
Design graphique
Sasha E Head
Editeur
Urban Comics
La note de ComicStories
6

Jonathan Hickman, en habitué des univers complexes et tentaculaires, qui a su relancer avec succès la franchise Mutante chez Marvel avec House of X – Power of X, a proposé au printemps 2020 une nouvelle série indé qui ne déroge pas à cette règle de monde développé : Decorum. Voici la première moitié qui sort en VF chez Urban Comics dans un grand format nouveau pour l’éditeur, qui tente d’attirer des nouveaux lecteurs. L’auteur s’associe à l’artiste Mike Huddleston à  la palette particulièrement riche et variée.

Jonathan Hickman imagine un univers de science-fiction au potentiel immense qu’il expose au travers de multiples schémas, de pages de prose descriptive, de symboles qui captent une partie conséquente du volume. D’un point de vue art séquentiel, ce qui est quand même ce qui importe le plus au lecteur, le scénariste tisse deux trames.

La première – la plus intéressante -, à échelle humaine, voit Neha, qui travaille comme coursière pour régler les frais de cryogénisation de proches touchés par un virus, croiser, au détour d’une mission périlleuse, le chemin de Morley, redoutable assassin qui va la prendre en charge. Ce segment possède un ton décontracté agréable qui tranche avec le reste du titre.

La seconde trame s’intéresse à L’Eglise de la singularité, organisation aux habitudes totalitaires, qui cherche un oeuf susceptible d’offrir un renouveau. Ce segment se révèle assez classique et peu enthousiasmant du point de vue de son déroulé.

Mais lorsque l’on met en parallèle l’univers imaginé et son exploitation dans ces séquences séquentielles, on ne peut qu’être frustré et déçu tant de nombreuses idées sont laissées de côté. Et finalement, à la fin de ce premier et avant dernier tome, l’histoire a à peine commencé et l’on imagine difficilement comment le scénariste va pouvoir clore son histoire de façon satisfaisante.

L’impression que Jonathan Hickman veut faire compliqué pour faire compliqué et n’a pas pris le temps de développer son univers traverse aisément l’esprit du lecteur.

La grande force de Decorum réside dans la partie graphique de Mike Huddleston qui possède une palette graphique totalement époustouflante. Proposant des planches allant du « simple » crayonné à la page la plus élaborée qui soit, en termes de design, dessin, formes, compositions et couleurs, l’artiste régale. Il varie les styles, les adaptant en fonction des séquences et se révélant à l’aise dans tous les contextes. L’époque des Conquistadors se télescope avec le cosmique le plus étourdissant, tandis que le thriller le plus crasseux côtoie la Rome Antique.

Sasha E Head s’occupe des designs à travers des schémas, des diagrammes et des logos efficaces mais qui n’ont finalement que peu d’impact dans la partie séquentiel.

Jonathan Hickman montre les muscles mais ne les utilise pas vraiment, au contraire de Mike Huddleston qui épate ! Bilan mitigé, donc. 

6
Points forts
Mike Huddleston, un artiste au sommet
Le segment des "assassins" bien fichu
Points faibles
Beaucoup de schémas et de pages explicatives qui ne sont pas vraiment exploités
Difficile d'imaginer que Jonathan Hickman va parvenir à conclure sa série en deux tomes.
L'impression de "Faire compliqué pour faire compliqué" l'emporte