A l’occasion de sa sortie en VF chez Panini Comics, le 6 février 2019, pour la modique somme de 15 €, revenons sur Hit-Girl au Canada par Jeff Lemire et Eduardo Risso, lu en VO à sa parution en singles.
Qu’est-ce qui a pu me pousser à aller lire ce comics ? Pas le personnage que je ne connaissais que de nom. Alors quoi ? Le duo créatif, bien sûr ! Comme souvent, j’ai fait confiance à une équipe constituée d’artistes que j’aime.
Ici, Jeff Lemire s’accapare le personnage de Hit-Girl, créé par Mark Millar et John Romita Jr, le temps de 4 épisodes. Le scénariste emmène la jeune fille sur ses terres : le Canada, pour des aventures sanglantes. Mindy part à la recherche d’un salopard qui répand la drogue dans les rues de New York afin de l’éliminer. Voilà le pitch somme toute assez sommaire. Ce n’est donc pas là qu’on ira chercher le plaisir mais plutôt dans l’exécution. De toutes les manières, le lecteur, en ouvrant ce recueil, a bien en tête le caractère totalement irréaliste de cette petite fille de 12 ans qui se fait justicière sanguinaire.
Évidemment, Hit-Girl n’y va pas par quatre chemins et s’en donne à cœur-joie pour éliminer le boss de cette clique mafieuse. Ça saigne, ça tranche, ça souffre. Le récit avance de façon classique et l’on imagine facilement le dénouement de l’histoire. Mais Jeff Lemire sait apporter sa touche. Il met bien en scène son Canada. Sauvage, dangereux, cet immense pays prend une part entière au déroulé du récit. Le scénariste aborde aussi des thèmes qui lui sont chers. Il rappelle les liens familiaux qui unissaient Mindy à son père Big Daddy à travers des séquences oniriques qui s’intègrent bien à l’histoire.
Il recrée également un lien quasi filial avec un vieux Canadien qui vit reclus dans sa cabane et qui va lui sauver la mise. Certaines séquences plus posées, qui tranchent avec les bastons musclées, sont assez touchantes et justes, agrémentées de quelques salves humoristiques bien vues. L’émotion affleure à plusieurs reprises, offrant un peu d’humanité à l’histoire. Cela permet également d’apporter un rythme particulier au récit, qui se démarque du comics de baston totalement décérébré. Malheureusement, sur seulement 4 épisodes, difficile de développer davantage ses personnages et cela reste un peu superficiel – mais c’était le deal de départ pour cette série par cycles d’auteurs. On reste donc un peu sur notre faim de ce point de vue.
Eduardo Risso, fidèle à son style, réalise de belles planches, que cela soit pour les scènes de baston ou des scènes plus calmes ou oniriques. Son travail avec des aplats de noir est toujours remarquable, ainsi que sa mise en page. Certains paysages enneigés sont également saisissants. Sans atteindre le niveau de 100 Bullets, le dessinateur fait le boulot et le rendu est agréable. Il crée notamment quelques belles doubles pages. Les couleurs plutôt vives de Patricia Mulvihill sont très belles et tranchent un peu avec l’esprit sombre de la série mais sans que cela soit gênant. Une belle et efficace partie graphique au final.