Démarrée il y a deux ans, Ice Cream Man a son petit groupe d’aficionados dont il était hors de question que nous restions exclus plus longtemps. W Maxwell Prince est scénarise ces histoires en un épisode que Martin Morazzo illustre.
Difficile de résumer les 4 histoires présentes dans ce premier TP, tant à la fin de chacune d’entre elles, on n’est pas bien sûr d’avoir tout saisi. Les personnages mis en scène sont des laissés pour compte ou des marginaux qui se voient confrontés à des situations sur lesquelles ils n’ont plus contrôle et se retrouvent embarqués plus ou moins malgré eux dans des aventures surréalistes. Un ancien rockeur déchu, un couple de junkies, un jeune enfant qui vit au milieu de ses parents décédés ou un duo rocambolesque venu assister aux funérailles d’un ami commun vont subir l’imagination tordue de Maxwell Prince. Le point commun à ces épisodes : l’intervention du fameux Ice Cream Man, de façon plus moins active.
Ce qui perturbe le lecteur est le désarroi dans lequel se trouve les acteurs de ces histoires. L’abattement, le chagrin, la misère sociale parcourent les récits. Mais la mise en scène de l’étrange, de l’irréel, de l’incroyable fascine. Un élément graphique, une phrase ou un retournement de situation questionnent et révèlent le plaisir de lecture. Mais c’est l’intervention de l’Ice Cream Man qui titille, alors qu’à la fin de ce volume, on n’en sait guère sur ce personnage intrigant. L’ambiance sombre et glauque qui domine l’humeur des histoires gagnent petit à petit le lecteur. Par séquences, Maxwell Prince écrit également des échanges entre personnages qui s’avèrent drôles ou touchants. Le twist final de chaque récit finit d’achever le lecteur qui en redemande immédiatement.
L’épisode #4 se conclut par une allusion à ce que pourrait être cet Ice Cream Man, gageons qu’on en saura davantage au fur et à mesure de la série.
Les dessins de Martin Morazzo sont particulièrement immersifs. Les décors détaillés permettent d’être imprégné des lieux. Les compositions de pages insérant des cases dans une pleine page focalisent efficacement l’attention du lecteur. Morazzo sait aussi parfaitement gérer les folles idées de Prince quand il s’agit de s’aventurer dans le psychédélique. On pourra peut-être trouver les visages un peu ingrats bien qu’ils renforcent le caractère étrange des personnages. Les couleurs de Chris O’Halloran plutôt chaudes mais jouant aussi avec le contraste du gris apportent une nuance à ces récits flippants.
On regrettera le prix du TP qui est équivalent à l’achat des singles. Pour une série qui n’a sans doute pas un public pléthorique, une politique tarifaire plus favorable aurait était judicieuse.