Alvaro Martinez Bueno : « Tout dans The Nice House On The Lake est très exigeant ! »

Le dessinateur espagnol, qui nous épate depuis des années, a franchi un cap avec l’excellent The Nice House On The Lake. Petit tour d’horizon de son travail sur cette création, au moment où la série s’accorde un break avant d’entamer sa deuxième partie dans quelques semaines !

For English speakers, please find lower the interview in its original version.


Vous avez fait évoluer votre style de dessin pour The Nice House On The Lake. Pourquoi cette évolution ?

Alvaro Martinez Bueno : C’est la conséquence de deux facteurs : j’ai commencé à m’encrer moi-même et j’ai commencé à travailler en numérique. Sans presque m’en rendre compte, de nombreuses ressources graphiques que j’avais stockées ont commencé à apparaître dans mon dessin. J’ai également pensé que cette histoire méritait un traitement différent de celui de mes super-héros habituels. J’expérimente encore tous les jours, alors j’espère qu’il y aura d’autres évolutions à l’avenir.

Dans The Nice House On The Lake, il y a beaucoup de travail architectural sur les décors des bâtiments. Comment travaillez-vous sur ces décors ? Vous inspirez-vous de créations d’architectes ?

Alvaro Martinez Bueno : Je m’y suis vraiment intéressé dans la phase de développement de la série, nous avons fait beaucoup de recherches… et je dis bien beaucoup ! Surtout sur l’architecture américaine du milieu du XXe siècle, Lloyd-Wright, Ray Kappe, Richard Neutra… J’ai passé des semaines à concevoir la maison, à faire des plans complexes et autant de vues que possible. Je savais dès le début que la maison était importante pour l’histoire, mais au fil des numéros, j’ai réalisé que les personnages étaient le cœur absolu de cette histoire et j’ai commencé à me concentrer davantage sur eux que sur la maison elle-même. Je dirais que c’est assez visible si vous regardez les différents numéros.

Les couleurs de Jordie Bellaire jouent un rôle important dans The Nice House On The Lake. Comment travaillez-vous avec Jordie Bellaire et James Tynion IV sur ces couleurs ?

Alvaro Martinez Bueno : Honnêtement ? Nous la laissons faire son truc ! Elle est tellement talentueuse et a tellement d’enthousiasme en travaillant que c’est une pure joie de recevoir les pages dans notre boîte de réception. En dehors de petites modifications, nous n’avons généralement pas de notes à lui adresser. Elle a donné à la série un aspect unique et je lui en suis très reconnaissant.

The Nice House On The Lake contient de nombreuses doubles pages avec une belle mise en page et de nombreux personnages. Comment concevez-vous ces pages ? James Tynion IV est-il précis dans ses indications pour ces pages ?

Alvaro Martinez Bueno : Pas particulièrement, il décrit brièvement la scène, la divise en cases et fournit les dialogues et quelques suggestions de jeu, mais la composition et le placement des éléments me reviennent principalement. C’est toujours difficile de faire face à une double splash page mais nous en avons fait beaucoup au fil des années et j’ai développé quelques techniques, on pourrait dire que c’est presque une marque de fabrique de notre travail ensemble. En général, il y a toujours une grande case qui sert de « point d’ancrage » pour les autres, c’est généralement celle que j’utilise pour établir la scène et toutes les autres cases ont tendance à tourner autour d’elle. J’essaie également de varier l’angle de la caméra et la taille de la case pour la rendre plus dynamique, car il s’agit généralement de pages de dialogue très chargées.

Les transformations de Walter font appel au fantastique et à l’horrifique. On pourrait presque parler de « cubisme horrifique ». Est-ce l’idée que vous recherchez ?

Alvaro Martinez Bueno : J’aime ça ! Il y a définitivement quelque chose dans la forme de Walter qui se rapporte aux avant-gardes artistiques du XXe siècle. J’ai été inspiré par les œuvres de Francis Bacon en particulier. Nous sommes passés par de nombreuses versions de lui, certaines étaient plus glitchy, d’autres définitivement extraterrestres, d’autres encore plus axées sur l’horreur corporelle… Nous avons en quelque sorte réussi à les fusionner dans ce design. Je suis très heureux de ce que cela a donné.

Les personnages sont nombreux, les décors impressionnants, la mise en page très travaillée… Quelle domaine a nécessité le plus de travail préparatoire ?

Alvaro Martinez Bueno : Tout dans cette série est très exigeant, et il en a été ainsi dans différentes phases. Il y a d’abord eu les décors et la conception de la maison et de tous ses éléments, et ce qui m’occupe vraiment ces jours-ci, c’est d’essayer d’améliorer mon travail sur les personnages, leurs expressions, le langage corporel… tout ce qui rend le casting plus vivant. Je pense que c’est crucial pour une histoire comme celle-ci.

Entretien réalisé par échange de mails. Merci à Alvaro Martinez Bueno pour sa disponibilité et sa grande gentillesse !


The Spanish artist, who has been impressing us for years, has reached a milestone with the excellent The Nice House On The Lake. Here’s an overview of his work on this creation, as the series takes a break before starting its second part in a few weeks!

You have evolved your drawing style for The Nice House On The Lake. Why this evolution?

Alvaro Martinez Bueno : It’s a consequence of two factors, l started inking myself and I started working digitally. Without almost noticing, many graphic resources that I had stored started to pop up in my art. Also I thought that this story deserved a different treatment than my regular superheroes stuff. I’m still experimenting every day so hopefully there’ll be more changes for me in the future. 

In The Nice House On The Lake, there is a lot of architectural work on the buildings’ settings. How do you work on these settings? Are you inspired by architects ? 

Alvaro Martinez Bueno : I became really interested on it in the developing phase of the series, we did a lot of research..and I mean a lot! Specially American mid-XX century architecture, Lloyd-Wright, ray kappe, Richard neutra..I spent weeks designing the house, making intricate floor plans and as many views as I could. I knew from the very beginning that the house was important to the story but with the passing of the issues I came to realize that characters are the absolute heart of this story so I started focusing more on them rather than the house itself. Id say it’s pretty noticeable if you look at different issues.

Jordie Bellaire’s colors play an important role in The Nice House On The Lake. How do you work with Jordie Bellaire and James Tynion IV on these colors?

Alvaro Martinez Bueno : Honestly? We let her do her thing!! She is so much talented and has so much enthusiasm while working that it’s a pure joy to receive the pages in our inbox. Other than small amendments we usually don’t have any notes for her. She has given the series an unique look and I’m so grateful for that. 

The Nice House on the Lake contains many double pages with a beautiful layout and many characters. How do you design these pages? Is James Tynion IV precise in his indications for these pages ?

Alvaro Martinez Bueno : Not particularly, he describes briefly the scene, splits it into panels and provides the dialogue and some acting suggestions but the composition and placement of the elements is mostly me. It’s always tough to face a DPS but we’ve done many through the years and I’ve developed a few techniques, you could say it’s almost a trademark of our work together. Usually there’s always a big panel that serves as an “anchor” for the rest of them, it’s usually the one that I use to establish the scene and all of the other panels tend to orbit around it. Also, I try to vary the angle of the camera and the size of the panel to make it more dinamic, as they are usually heavy dialogue pages. 

Walter’s transformations appeal to the fantastic and the horrific. One could speak of « horrific cubism ». Is this the idea you are looking for?

Alvaro Martinez Bueno : I like that! There’s definitely something about Walter shape that relates to XX century artistic vanguards. I was inspired by Francis bacon works particularly. We passed through many versions of him, some where more glitchy, some were definitely alien, some leaned more in body horror..we somehow managed to merge them all in this design. I’m supper happy with how it turned out. 


The characters are numerous, the scenery impressive, the layout very worked… Which area required the most preparatory work?

Alvaro Martinez Bueno : Everything in this series is very demanding, and it has been like that in different phases. First came the scenery and the design of the house and all of its elements and what keeps me really busy these days it’s trying to improve my character work, their expressions, the body language..anything that makes the cast more alive. I think it’s crucial for a story like this. 

Interview made by email exchange. Thanks to Alvaro Martinez Bueno for his availability and his great kindness.