Quelques semaines après la sortie de l’album fêtant els 30 ans de la création de Spawn, Delcourt débute l’extension de l’univers du personnage voulu par Todd McFarlane avec la première série Spin-off, King Spawn ! S’il est difficile de rattraper 30 ans de publication pour les lecteurs ayant pris le train très en retard, cette nouvelle série peut très bien servir de point d’entrée et cerise sur le gâteau, c’est Sean Lewis, l’un des scénaristes indés les plus intéressants du moment, qui s’occupe de l’Avènement du Roi, aux côtés de Javi Fernandez, artiste espagnol au style poisseux !
Mais avant de se lancer sur la route des Enfers, Todd McFarlane propose, en compagnie de Jim Cheung, un épisode spécial intitulé Spawn Universe #1, sensé lancer des pistes pour le futur. Si le dessinateur réalise un travail impeccable, avec notamment quelques pleines pages sublimes, le scénariste s’embourbe quelque peu dans un récit brouillon et fourre-tout qui met en scène de multiples personnages sans les remettre totalement en contexte, perdant quelque peu le lecteur.
Déboule alors Sean Lewis et son récit noir et violent qui voit Spawn être manipulé par une organisation, à première vue terroriste, qui tente de lui faire endosser son rôle de Roi des Enfers. Le scénariste démontre dès les premières pages son amour et sa maitrise de l’univers créé, il y a trois décennies, par McFarlane. Sean Lewis puise la noirceur de son récit dans la profondeur psychologique de l’anti-héros que lui a conféré le créateur au fil de ces années d’histoires. La détermination et la rage qui habitent Spawn se télescopent avec la fragilité de ses questionnements, se traduisant par une violence extrême, thème qui déchire les Etats-Unis et qui occupe l’écriture de Sean Lewis dans ses différents travaux.
Le scénariste explore remarquablement l’univers de Spawn en usant de personnages iconiques et en les caractérisant à la perfection. Trente ans d’une riche Histoire n’empêchent nullement Sean Lewis de faire le job qui permet au nouveau lecteur d’assembler les pièces du gigantesque puzzle. De nombreuses séquences qui s’intègrent très bien au récit, se plongent dans le passé des personnages pour mieux le refaire surgir à la surface d’un présent incandescent. Et si quelques parts d’ombre demeurent, elles ne gâchent en rien une lecture très agréable.
Pour mettre en image ce récit prenant, Javi Fernandez est l’artiste parfait avec son style crasseux et rugueux. De son trait fin et percutant l’artiste espagnol offre une véritable plongée dans un monde terrifiant et ultra violent où le sang coule et où les créatures infernales se déchainent sans pitié ! Proposant une mise en page efficace, le dessinateur livre des planches régulièrement sublimes et marquantes où son art flirte avec l’horrifique ! FLO Plascencia apporte ses couleurs puissantes et minérales, ajoutant à l’ambiance sombre et fantastique.
Un premier volume qui peut faire office de bonne porte d’entrée pour le nouveau lecteur qui n’a pas peur de se lancer dans 30 ans d’Histoire, et qui propose surtout un récit violent et addictif qui explore remarquablement l’univers de Spawn !