Là où gisait le corps (VF)

Là où gisait le corps
Date de Sortie
22 mai 2024
Scénario
Ed Brubaker
Dessin
Sean Phillips
Couleurs
Jacob Phillips
Editeur
Delcourt
La note de ComicStories
8.5

L’excellente série Reckless en pause, le duo de créateurs Brubaker-Phillips s’est lancé dans des récits one shots indépendants inaugurés par Night Fever qui plongeait le lecteur dans les tourments d’un homme en pleine réflexion sur sa vie.

Le deuxième volet, Là où gisait le corps, débarque chez Delcourt et l’on retrouve avec délectation notre duo favori, accompagné désormais de Jacob Phillips !

Pelican Road, petite rue d’une bourgade de banlieue américaine, été 1984. Des junkies, une femme au foyer, une ado accro aux comics, un flic qui aspire au calme et un détective privé vont se croiser, faisant se s’entrechoquer leur destins, quand un corps est découvert puis disparait. Qui a fait le coup ?

Ed Brubaker se focalise sur l’humain plutôt que sur l’intrigue policière

Cette histoire annoncée comme une sorte de Cluedo partiel ne tient pas totalement ses promesses mais se montre très réussi à bien des égards. Le scénariste offre une plongée dans la vie de cette poignée d’individus qui vont, le temps d’un été, voir leurs existences bouleversées. A travers deux duos de personnages, Ed Brubaker parle de l’engrenage infernal de l’amour quand il nous prend par surprise et que l’on ne peut s’en défaire. L’ado amoureuse de Super héros permet au scénariste d’évoquer également cette force imaginative de la jeunesse, permettant de vivre d’autres vies que la sienne et de s’échapper du quotidien. Tous ont en commun ce parfum de nostalgie des moments inoubliables du passé que l’on garde au chaud pour toujours. Tous les personnages ont une caractérisation particulièrement soignée, ce qui permet à Brubaker d’offrir un récit très dense.

Force narratives et petit mensonge

Ed Brubaker trouve une force narrative en variant les procédés narratifs. Démarrant à la façon d’un conte où le narrateur présente les personnages, le récit évolue en intégrant la parole des protagonistes qui s’adressent directement au lecteur pour s’achever comme il a débuté par le narrateur qui interpelle le lecteur : « Hé là ! Mais…Qui a tué « spoiler » alors ? » Et c’est là que le point faible du récit de Brubaker se pointe. Car ce fameux corps arrive bien tard dans l’histoire et la résolution de sa disparition s’avère bien anecdotique. Comme si le scénariste avait un peu oublié son idée initiale en cours de route…

Mais cela n’enlève en rien les qualités du titre et le plaisir de lecture. D’autant que la partie graphique est toujours aussi délectable, autant dans la mise en page de Sean Phillips que dans la façon impressionniste de coloriser de Jacob Phillips. 

S’il ne tient pas totalement les promesses annoncées par son titre, ce nouveau one shot du duo Brubaker – Phillips n’en demeure pas moins une très bonne lecture qui se focalise davantage sur l’humain que sur l’intrigue policière ! 

Points forts
La narration aux multiples facettes
L'âme humaine decortiquée
La partie graphique, comme toujours !
Points faibles
Le fameux corps arrive bien tard et n'est finalement qu'anecdotique
8.5